Le Petit homme

Le Petit homme
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Petit homme (Le)
Macondo
Autriche, 2014
De Sudabeh Mortezai
Scénario : Sudabeh Mortezai
Durée : 1h38
Sortie : 25/03/2015
Note FilmDeCulte : ****--
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A 11 ans, Ramasan est déjà un homme sous ses allures de petit garçon. Réfugié en Autriche avec sa mère et ses deux soeurs, il essaie de remplacer du mieux qu'il peut son père mort en Tchétchénie. L'arrivée d'Issa, un ancien ami de son père, va bousculer son quotidien.

CA SE PASSE COMME CA CHEZ MACONDO

Où se trouve la frontière entre l'exécution réussie d'une figure classique et le simple recyclage stérile de clichés cinématographique? Qu'est-ce qui fait que, sur un sujet traité cent fois par an (en l'occurrence ici: le portrait d'enfant qui grandit et devient adulte), la plupart des films ne sont que d'informes enfilades de clichés où le manque d'imagination et d'audace est proportionnel aux bons sentiments, alors que de rares autres parviennent à porter un regard neuf où le classicisme n'entrave jamais une vision personnelle? Le Petit homme fait partie de cette deuxième famille. Et pourtant il y avait de quoi déclencher l'alarme à déja-vu: une communauté tchétchène vivant dans des logement sociaux d'une banlieue autrichienne, un jeune garçon sans père et obligé de grandir trop vite... Comment alors la réalisatrice Subadeh Mortezai (lire notre entretien) parvient-elle à nous faire voir cette histoire comme si c'était la première fois?

Probablement d'une part parce qu'elle "vient du documentaire" comme on dit. Formule d'ailleurs étrange qui supposerait que le documentaire est une terre étrangère sans frontière commune avec la fiction. L'immersion de la réalisatrice dans cette communauté apporte deux grandes qualités d'avance: d'abord une authenticité certaine et surtout un regard dédramatisé. Mortezai filme en effet ses personnages sans à priori dans le sens où elle ne les considère pas d'emblée comme des victimes. Elle ne les enferme jamais dans la posture d'étrangers en phase d'"intégration", terme qu'elle refuse d'ailleurs d'employer. Le contexte social et politique est évoqué mais ne reste justement rien d'autre qu'un contexte, et non pas une carte de visite exotique. Les enjeux sont ailleurs, dans des relations familiales en reconstruction. Et sur ce point, la réalisatrice n'oublie pas de faire du cinéma. Le portrait du gamin se fait en creux, en slalomant entre les scènes redoutées qui sont ici ignorées (pas de crise de larme, pas de violence policière, pas d'éclat de voix). Le parcours du jeune héros reste classique, mais il se fait sans cahier des charges, comme allégé de toutes les figures imposées du genre. Une formule qui fait le joli succès du film.

par Gregory Coutaut

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