Festival de Gérardmer: Lost Soul

Festival de Gérardmer: Lost Soul
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Lost Soul (The Doomed Journey of Richard Stanley’s Island of Dr. Moreau)
États-Unis, 2014
Durée : 1h39
Note FilmDeCulte : ***---
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Le cinéaste Richard Stanley rêve depuis toujours de porter à l’écran le roman de H.G. Wells L’Île du docteur Moreau. Finalement, au beau milieu des années 1990 et grâce à sa force de conviction, il se retrouve à la tête d’un budget conséquent pour enfin pouvoir donner vie à son projet. Mais le rêve va très vite se transformer en cauchemar, sur fond de batailles d’ego et d’intérêts divergents entre l’art cinématographique et son industrie. Sans langue de bois, ce documentaire revient sur l’étendue de ce naufrage : des premiers croquis préparatoires au renvoi brutal de Richard Stanley du plateau de tournage, en passant par les exigences d’un Marlon Brando surréaliste.

CON-LANTA

Qui se souvient encore aujourd’hui que dans les années 90, après l’épatant Hardware et l’ambitieux Dust Devil (Le Souffle du démon), l’Anglais Richard Stanley fut l’un des grands espoirs du cinéma fantastique ? En 1995, New Line lui donne le feu vert et un budget confortable pour concrétiser son projet chéri : une nouvelle adaptation de L’Ile du Dr Moreau, le classique d’H.G. Wells, que le cinéaste rêve à la fois fidèle et irrévérencieuse. Pourtant, rien ne se passera comme prévu ; le film, finalement réalisé par John Frankenheimer, deviendra un nanar notoire et une sorte d’omerta régnera sur le projet initial de Stanley durant des années, le réalisateur ayant signé une clause de confidentialité de vingt ans lui coupant la parole sous peine de perdre ses indemnités...

En 2011, l’anthologie The Theatre bizarre, chaperonnée par David Gregory, lui donne l’occasion de déterrer Richard Stanley - qui vit reclus dans les Pyrénées (!) - pour le segment Mother of Toads. Lui vient alors l’idée de monter ce documentaire, promettant de tout dire sur le naufrage qui coutât sa carrière à l’homme. On est d’abord surpris par le postulat de donner la parole à tous les camps, là où on s’attendait à un pamphlet en faveur du cinéaste anglais. Ici, du staff de production à Robert Shaye, grand patron de New Line Cinéma, des déjantés figurants aux hilarants losers de l’équipe technique australienne, tout le monde a son mot à dire, à l’exception des deux stars du projet, Brando et Val Kilmer, qui passent au mieux pour des imbéciles farfelus, au pire pour de sacrés cons (à ce titre, « l’épisode » de la caravane, à base de qui des deux acteurs sortira le premier sur le set, est à la fois désopilant et édifiant !). Malheureusement, les anecdotes délirantes ne suffisent pas à passionner pleinement, mis à mal par une réalisation limitée et un montage mal branlé créant un rythme schizophrène, parasité par les points de vue contradictoires des nombreux intervenants. On en sort toutefois finalement triste, avec la certitude que la machine hollywoodienne mâche les talents pour ensuite les cracher par terre et continuer sa route sans se retourner.

Clément Gerardo

par Palpix

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