Life of Chuck

The Life of Chuck
États-Unis, 2025
De Mike Flanagan
Avec : Chiwetel Ejiofor, Mark Hamill, Tom Hiddleston, Jacob Tremblay
Sortie : 11/06/2025






Une histoire qui célèbre la vie et transcende les genres, relatant trois chapitres de la vie d’un homme ordinaire nommé Charles Krantz, dit « Chuck ».
MIDLIFE MASS
Bien que cela soit devenu un marronnier, on ne saurait que trop vous conseiller de ne rien voir ni lire de ce film, ne serait-ce que pour laisser la puissance du premier tiers vous frapper en plein dans votre angoisse existentielle, et la suite vous cueillir. Les deux précédentes fois que Mike Flanagan s'est attaqué à Stephen King, avec des résultats plus (Jessie) ou moins (Dr Sleep) convaincants, les œuvres s'inscrivaient dans le genre auquel les deux artistes nous ont habitué, mais cette nouvelle adaptation d’une nouvelle lorgne davantage du côté des films issus du recueil Différentes saisons (Stand By Me, Les Evadés). Le film garde un pied dans le genre mais qu'il touche à l'eschatologie ou à l'ésotérisme, c'est toujours une toile de fond ou une métaphore aux questionnements ontologiques du récit et des personnages.
A cet égard, le premier segment du film capture à la perfection la terreur sourde que l'on peut se prendre à ressentir en ces temps incertains de déclin écologique. Il y a des films sur lesquels planait le spectre du 11-Septembre, désormais il y aura le spectre du COVID et du confinement, un événement (mondial ce coup-ci) qui a redéfini nos vies, qui nous a amené à reconsidérer les liens qui nous unissait, la famille immédiate avec laquelle on était enfermé, les proches que l'on ne pouvait plus voir, les gens que l'on a perdu. La nouvelle de King est parue en avril 2020, ce qui implique qu’elle a été écrite avant, mais il paraît évident que ce nouveau paradigme informe le film et l'écriture de Flanagan qui parvient ici à synthétiser les monologues et discussions de ses séries, plus abouties que ses longs métrages, tout en continuant d'en explorer la thématique principale, à savoir le rapport à la mort.
La structure du matériau d'origine que l'auteur reprend lui permet d'approcher le sujet par un angle nouveau, passant de l'anxiété apocalyptique à une célébration de la vie et des moments qui lui valent d'être vécus. Oui, c'est le moment où le film (et cette critique) embrasse ce que les plus cyniques qualifieront de niais, montrant dans le deuxième segment que le metteur en scène est tout autant à l'aise dans un registre radicalement opposé à son genre de prédilection, avant de consacrer la deuxième moitié du film à un récit plus classique, sans doute un peu trop long et explicatif, mais tour à tour amusant, touchant, glaçant et, finalement, émouvant, lorsque la boucle est bouclée et qu'une nouvelle citation du poème leitmotiv de Whitman vient conclure le tout avec défiance. Son meilleur film, tout simplement.