Leçon de classes

Leçon de classes
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Leçon de classes
Ucitelka
République tchèque, 2016
De Jan Hrebejk
Durée : 1h42
Sortie : 25/10/2017
Note FilmDeCulte : ****--
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Une prof sans scrupules se sert du pouvoir qu’elle exerce sur des parents inquiets de la réussite scolaire de leurs enfants pour leur extorquer services et cadeaux.

L’ÉCOLE DES SORCIÈRES

Par un montage alterné, la première séquence de Leçon de classes nous montre les élèves débarquant au collège pour leur premier cours du matin, et en parallèle, leurs parents suivant le même trajet le soir-même pour une rencontre avec leur professeur. La métaphore est claire: les parents ont autant à apprendre que leur enfants. Et dans cette salle de classe qui va peu à peu se transformer en champs de bataille, ils ont autant à se battre que leur progéniture. Une nouvelle professeur vient d'arriver. Son sourire cordial toujours vissé aux lèvres, de même que son incessant babillage sur son veuvage cachent mal une certaine nervosité, comme si ses crocs étaient prêts à saillir à tout moment. De fait, sous les dehors mielleux de la parfaite sociopathe passive-agressive, cette prof est une vraie garce. Sûre de son bon droit de camarade sérieuse, elle se met à exiger des faveurs de la part des parents, en échange de bonnes notes pour leurs bambins.

Leçon de classes pourrait choisir la voie du réalisme social, de la farce cruelle ou bien de la terreur psychologique. Le film prend une quatrième option, insoupçonnée mais enthousiasmante: il suit ces trois pistes à la fois. Il y a une analyse cinglante de la pression sociale et des excès du communisme dans cette peinture amère d'adultes incapables de s'entraider pour le bien des générations futures. En se pliant à ces menus chantages, les parents deviennent les geôliers de leurs enfants, et alimentent la monstruosité de leur tortionnaire. En parallèle de cela, il y a aussi une sympathique bouffonnerie dans les petits services en question. Cela commence par un trajet en voiture pour finir dans un improbable trafic d'os à moelle (!). Lors d'une séquence proprement absurde, l'appartement de fonction de la prof maboule se retrouve même envahi de gamins en tablier faisant le ménage autour d'elle.

L'affaire va cependant très loin: certains élèves échafaudent un plan pour tuer leur institutrice, tandis qu'une autre tente de s'ôter la vie. Lors d'un plan saisissant, que l'on retrouve d'ailleurs dans l'affiche d'origine, la prof revient en classe et seuls ses pieds sont alors filmés, de dos, au ralenti, comme un monstre qu'on croyait mort et qui revient dans les derniers plans d'un film d'horreur. Ce personnage particulièrement odieux, qu'on adore détester, donne tout son relief à un film de facture classique, mais qui n'a pas peur pour autant d'un audacieux mélange de registres. Faut-il rire ou bien rire jaune devant cette prof sortie d'un cauchemar ? Faut-il trembler au contraire ? La réponse: les trois à la fois. Qui dit mieux ?

par Gregory Coutaut

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