Last Life in the Universe

Last Life in the Universe
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Last Life in the Universe
Thaïlande, 2003
De Pen-Ek Ratanaruang
Scénario : Pen-Ek Ratanaruang, Prabda Yoon
Avec : Tadanobu Asano, Layla Boonyasak, Sinitta Boonyasak
Durée : 1h52
Sortie : 17/03/2004
Note FilmDeCulte : *****-

Kenji est un japonais exilé en Thaïlande où il travaille comme bibliothécaire. Un soir, son frère se fait assassiner chez lui par un inconnu que Kenji a à peine le temps d’abattre à son tour. Au cours de sa fuite, il tombe sur Noi, une jeune prostituée dont la sœur vient d’être tuée dans un accident de voiture.

LOST IN TRANSLATION

Elle semble bien loin, la naïveté acidulée de Monrak Transistor, conte où l’on s’adonnait aux plaisirs du karaoké pour oublier la rudesse des jours. Nouveau film du jeune Thaïlandais Pen-ek Ratanaruang, Last Life in the Universe enfonce ses ongles plus profondément dans la chair meurtrie par l’usure mentale (solitude d’un expatrié ou quotidien d’une prostituée). Lui est japonais et vit en Thaïlande, elle est thaïlandaise et rêve du Japon, il a perdu son frère, elle est orpheline de sa sœur, l’un étouffe sa déprime dans sa maniaquerie, l’autre la laisse s’échapper dans le chaos. Les reflets théoriques sont faits pour s’entendre. Ratanaruang érige l’incommunicabilité en une nouvelle voie de communication, à l’image des cassettes pour apprendre le japonais qui semblent passer en boucle sans que personne n’y prête attention. Sur une trame narrative à peine habillée (scènes de spleen et postures d’abandon), les refrains se font visuels (la maison de Noi, troisième entité magnifiquement photographiée par le prodigieux Christopher Doyle) et surtout sonores, comme ces vagues qui jamais ne cessent de lécher le front soucieux de ses personnages. Mères protectrices et pratiquement invisibles, si ce n’est à l’occasion d’un plan qui révèle leur désolante vérité: l’onde est envahie par la pourriture.

SPLEEN ET IDEAL

Pourtant, l’espace d’une saisissante et surprenante poussée onirique, le décor défriché retrouve de sa superbe et laisse entrevoir l’apaisement. Everything in its right place. La guérison n’est qu’une passagère infidèle et les tentatives de suicide de Kenji ne sont guère plus que retardées par les appels vitaux d’une cloche, d’une sonnette ou d’un réveil. A l’opposé, l’obsédante mélodie du téléphone ne cesse de brailler à l’oreille de Noi le besoin du départ. Dernière vie dans l’univers, et dans un monde sans repère précis - l’appartement blême ou la maison hirsute n’ont pas de chemin, ils ne sont plus que des points posés au hasard sur une carte nue - et dont les centres névralgiques sont encore ces deux âmes trébuchantes. A cet égard, l’élégance de Ratanaruang a un vice, celle de l’esthétisation chic, du flirt avec la pose. Les volutes de cigarettes sont d’une telle cinégénie, le rideau au dégradé de rouge, orange et rose fera si joli dans le cadre. L’inconsistance guette de son œil acéré, surtout lorsque le film a la mauvaise idée de rameuter des yakuzas ou des maquereaux dont on s’était si bien passé jusque-là. Sans réellement choisir son camp, le cinéaste thaïlandais tente de capturer l’évanescence d’un état mental en même temps qu’il s’y molletonne avec une demi complaisance affichée. Peut être que ce qui passe pour de la pose tient davantage de la résignation.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

TADANOBU ASANO

Jeune comédien de 31 ans, Tadanobu Asano se distingue comme nombre de ses collègues japonais par un art du jonglage entre les capacités: l’homme est également mannequin et chanteur de rock. Il a eu l’occasion, ces dernières années, de côtoyer la fine fleur du cinéma nippon, de Hirokazu Kore-Eda à Shinji Aoyama en passant par Nagisa Oshima, Takeshi Kitano, Shinya Tsukamoto ou Kiyoshi Kurosawa. Asano a également tourné sous la direction du roublard Takashi Miike dans Ichi the Killer, film auquel Last Life in the Universe adresse quelques clins d’œil, le temps d’une affiche posée dans une bibliothèque ou par la présence de Miike lui-même dans le rôle d’un yakuza.

Filmographie sélective

2003 Zatoichi 2003 Jellyfish 2003 Last Life in the Universe 2001 Distance 2001 Ichi the Killer 1999 Tabou 1999 Gemini 1999 Au bout des mots 1997 Focus 1996 Helpless 1995 Maborosi

PEN-EK RATANARUANG

Né à Bangkok en 1962, Pen-ek Ratanaruang est un des actuels chefs de file du cinéma thaïlandais. A l’âge de 15 ans, il part à New-York où il suivra des études d’histoire de l’art. Il acquiert une certaine expérience en devenant concepteur graphique sur le sol américain, avant de retourner en Thaïlande pour y réaliser des spots publicitaires. En 1997, il signe son premier long-métrage, Fun Bar Karaoké, sélectionné au Festival de Berlin. Son second film, 69, a reçu de nombreux prix. Enfin, son troisième long-métrage et premier à être sorti en France, Monrak Transistor, était présent sur la Croisette à la Quinzaine des Réalisateurs. Last Life in the Universe est son quatrième film.

Filmographie sélective

2003 Last Life in the Universe 2001 Monrak Transistor 1999 69 1997 Fun Bar Karaoké

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