Labyrinthe de Pan (Le)

Labyrinthe de Pan (Le)
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Labyrinthe de Pan (Le)
El Laberinto del Fauno
Mexique, 2006
De Guillermo Del Toro
Scénario : Guillermo Del Toro
Avec : Ivana Baquero, Doug Jones, Sergi Lopez, Federico Luppi, Maribel Verdu
Durée : 1h52
Sortie : 01/11/2006
Note FilmDeCulte : *****-

Espagne, 1944. Fin de la guerre. Carmen, récemment remariée, s'installe avec sa fille Ofélia chez son nouvel époux, le très autoritaire Vidal, capitaine de l'armée franquiste. Alors que la jeune fille se fait difficilement à sa nouvelle vie, elle découvre près de la grande maison familiale un mystérieux labyrinthe...

LE LABYRINTHE DES PASSIONS

Sixième long métrage et première sélection au Festival de Cannes pour l’auteur mexicain, qui retourne dans son pays d’origine entre deux projets hollywoodiens, comme il l’avait fait en 2001 avec L’Echine du Diable. Le Labyrinthe de Pan est décrit justement comme un parent de ce dernier. Tout droit issu de l’imaginaire du cinéaste, qui trouve une nouvelle fois le moyen d’explorer ses obsessions (l’enfant face au monstre, l’Espagne des années 40, la figure du labyrinthe), le film marque une fois de plus la progression de l’auteur depuis ses débuts avec le fondateur Cronos. A plus d’un titre, son dernier opus sonne comme le film de la maturité, tant thématique qu’esthétique. Del Toro abandonne ici ses spectres à demi morts pour aborder la question de la mortalité de manière frontale. Maturité et donc fin de l’innocence, comme c’est le cas pour la principale protagoniste du film, une innocence corrompue par l'arrivée du fascisme ("mort de l'âme" selon Del Toro). L'idée de transition, de passage, est véhiculée tout le long du film, comme le symbolisent si bien tous ces "raccords invisibles" qui se font sur une surface sombre derrière laquelle on passe pour révéler un autre plan, révéler ce qui se cache derrière. L'univers du Labyrinthe de Pan est fait de secrets et de portails, témoignant d'un contraste perpétuel entre le monde réel et le monde des contes de fées et où l'on se rend compte que la réalité est infiniment plus cruelle que ne peut le permettre la plus effrayante création née de l'imagination d'une enfant et que les monstres existent. Del Toro adopte ici la lumière du clair de lune plutôt que la chaleur ambrée de ses précédents films et signe une œuvre triste, à l'image de sa mélodie fredonnée avec douceur au début et, surtout, à la fin.

LE SYNDROME DE PAN

Comme d’habitude chez le réalisateur, le monstre n’est cependant pas celui que l’on croit. Outre les insectes, créatures si chères à l’auteur, métamorphosées ici en fées chargées de guider l’héroïne d’un monde à l’autre, ambassadrices de ce nouvel univers, on trouve un monstre en apparence en la personne de Pan. Dieu de la mythologie grecque, Pan était réputé pour ses facéties et son appétit sexuel. Deux caractéristiques qui mèneront à sa diabolisation par le christianisme du Moyen-Âge, qui octroiera les cornes et les sabots du dieu grec à Satan. Pan inspirait également la peur dans les moments de solitude (la "peur panique") et s’avère être le seul dieu à avoir un jour connu la mort. Le personnage porte alors en lui les graines du symbole qu’il représente dans ce récit. Effrayée dans un premier temps par la faune, la jeune Ofelia devra alors affronter le caractère malicieux de la créature et éventuellement faire face à la mort. Ainsi Pan se révèle être une figure bénéfique tandis que le monstre réel se cache sous les traits de Sergi Lopez, capitaine fasciste de l’Espagne franquiste. A l’instar du personnage d’Eduardo Noriega dans L’Echine du Diable, le Mal est à nouveau incarné par une figure masculine séduisante. Seulement ici, comme le souligne Del Toro, "le capitaine Vidal est méchant par choix". La question du choix, déjà présente dans Hellboy, définissant la personne que l’on décide d’être, est au cœur du film. En opposant le fascisme (abolition du choix) à l’imagination, le metteur en scène met en contraste les deux choix qui font des personnages (Ofelia et le Capitaine Vidal) ce qu’ils sont. Si le Mal s’impose comme une solution plus facile, le choix de la solution plus ardue aboutit à une sorte d’immortalité comme le représente la fable de la rose évoquée dans le film (une fleur qui rend immortel mais dont l’accès est rendu périlleux par ses épines mortelles).

par Robert Hospyan

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