Kiss Kiss, Bang Bang

Kiss Kiss, Bang Bang
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Kiss Kiss, Bang Bang
États-Unis, 2005
De Shane Black
Scénario : Shane Black
Avec : Corbin Bernsen, Robert Downey Jr, Val Kilmer, Dash Mihok, Michelle Monaghan
Durée : 1h42
Sortie : 14/09/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Harry Lockhart, perdant notoire et cambrioleur amateur, échappe à la police en participant à un casting. Envoyé à Hollywood par des producteurs fourvoyés, il va suivre des cours de détective, retrouver son amour d'enfance, et patauger dans les eaux troubles de Los Angeles.

LE TRAVAIL A LA SHANE

Le régime classique d'une éducation cinématographique saine et équilibrée se hasarde à conseiller, dans le meilleur des cas, une œillade discrète sur le panorama bigarré du cinéma d'action des années 80. Rien de très audacieux, cela va sans dire, mais il est de bon ton de pouvoir citer les grandes figures qui ont porté cette décennie sur leurs deltoïdes: Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger. Passés les dilettantes, le connaisseur ajoutera Bruce Willis en tant que figure pionnière de l'action hero à échelle humaine (faut-il préciser Piège de cristal?). Si cette même personne développe en mentionnant Joel Silver, John McTiernan et L'Arme fatale, vous pouvez lui demander qui est Shane Black. Il est d'ailleurs fortement conseillé de l'écouter, bloc-notes à la main, si ce nom ne résonne nulle part dans votre bibliothèque personnelle. Pour les plus impatients, quelques miettes devraient suffire: Black créa L'Arme fatale, fut la première victime dans Predator, écrivit Le Dernier Samaritain, reprit Last Action Hero et signa le sympathique Au revoir à jamais de Renny Harlin, en 1996. Tous ses scénarios se vendirent à prix d'or et sont considérés aujourd'hui (dans leur première version) comme des modèles du genre. Mais dans l'ombre déclinante des colosses d'hier, s'éclipsa Shane Black, presque aussi longtemps qu'il avait brillé: une décennie de succès, huit années au placard. Dans de telles circonstances, Kiss Kiss, Bang Bang est un petit miracle hollywoodien, un rappel à l'ordre pour nos âmes mécréantes. S'il s'agit bel et bien du retour de l'un des plus grands scénaristes et dialoguistes de ces vingt dernières années, c'est aussi un premier film comme l'on en voit peu. Il englobe tout Shane Black (violence, répliques, amour) et propose un peu plus, y compris des acteurs que nous n'attendions plus. Substance de l'auteur et annonce de son futur artistique, proposant une mise à nue cathartique à la fragrance film noir, Kiss Kiss, Bang Bang contient, à notre grand bonheur, tous les possibles.

BLACKALICIOUS

Comme à son habitude, Shane Black manipule un cadre référentiel défini (le film est chapitré d'après des romans de Raymond Chandler) et ses codes (le héros doit apprendre à faire le détective pour un film, puis finit par en devenir un) pour mieux déclamer son ode à l'amour et enfoncer l'air de rien le conglomérat d'absurdité dans lequel nous nous débattons, toujours seul(e)s. Sous l'égide absurde à tendance jouissive que prennent les dialogues, les situations et les personnages (Val Kilmer en homosexuel: l'un de ses meilleurs rôles) se cache un exemple supplémentaire du monde selon Shane Black. La vie est dure, glauque et traître, et la réalité ne laisse aucune place à la magie (Last Action Hero), aux sentiments (Au revoir à jamais) ou aux gentils (Le Dernier Samaritain). Héros d'un film somme, Harry Lockhart est donc un illusionniste amateur qui a manqué l'amour de sa vie (excellente Michelle Monaghan) et est utilisé par tout le monde. Cependant, quand les précédents scénarios de Black accentuaient la fatalité jusque dans leurs titres, son premier film est un équilibre parfaitement mature. Dans le titre encore une fois, en référence au surnom japonais de James Bond, mais surtout dans cette véritable démarche d'auteur que constitue un premier film. Filmant en passionné un Los Angeles que l'on voit rarement, Shane Black met en scène avec goût, et se révèle parfaitement capable de gérer l'intrigue ramifiée qu'il s'impose, qui plus est sous forme de voix-off. Il parvient même, entre deux dialogues hystériques, à laisser une place à la beauté (la scène de la chambre entre Harry et Harmony) et au drame (l'épilogue), en étant touchant, juste. A l'instar d'un Robert Downey Jr entre excitation et désespoir, Kiss Kiss, Bang Bang digère toutes les contradictions avec une facilité déconcertante. Premier film chaloupé comme un grand, il confirme ce que nous savions déjà: Shane Black n'est jamais parti.

par Benjamin Hart

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