Kamikaze Girls

Kamikaze Girls
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Kamikaze Girls
Shimotsuma Monogatari
Japon, 2005
De Tetsuya Nakashima
Scénario : Tetsuya Nakashima
Avec : Sadao Abe, Kyoko Fukada, Eiko Koike, Hiroyuki Miyasako, Anna Tsuchiya
Durée : 1h42
Sortie : 14/06/2006
Note FilmDeCulte : ****--

Momoko, jeune fille habillée en Lolita rococo, passe son temps à rêvasser dans son paisible coin perdu de campagne, aux côtés de son père et sa grand-mère. Une existence tranquille bientôt perturbée par sa rencontre avec Ichigo, une bikeuse déchaînée.

GENERATION NAN NAN

Shimotsuma: cambrousse absolue du Japon où le monde endormi ne se réveille que pour acheter les fringues standardisées de chez Jusco, le Kiabi local. Un patelin qui correspond bien peu aux aspirations frenchy de Momoko (Kyoko Fukada, vue en pop star éborgnée chez Takeshi Kitano), ado nippone qui ne rêve que de rococo français, habillée pour grimper sur la balançoire d’une peinture de Fragonard. Un autre endroit, une autre époque, que la jeune fille rencontre en songes et en tissus, lookée Lolita dentelle tendance ultra kawai. Kamikaze Girls est le film de l’électrochoc, du réveil à coups de pelle dans la figure, et débute d’ailleurs par un carambolage aussi aérien qu’un numéro d’équilibrisme costumé au Festival du cirque de Monte-Carlo – la tête à l’envers, les socquettes détachées du sol, des choux dans le ciel et un Bouddha qui veille en arrière-plan, solide, lui, sur ses pieds. Tetsuya Nakashima reviendra un peu en arrière pour conter l’histoire d’une amitié tordue aux antagonismes de comédie bien trempés.

BABY, THE STARS SHINE BRIGHT

A Momoko s’oppose Ichigo (Anna Tsuchiya, admirée dans The Taste of Tea), une Yanki, c'est-à-dire une bikeuse qui mastique, crache, grogne autant que le moteur de sa Honda et coup-de-boulise ses semblables – fraise déguisée en tigresse. Le choc peut être indigeste ou assommant, en raison d’un débit parfois en roue libre, surenchère excitée d’un scénario un peu léger. Mais c’est aussi la qualité de ses défauts: Kamikaze Girls marche essentiellement sur l’art de la vignette et du collage hétéroclite (film en prises de vue réelles ou animation, j-pop ou easy listening français, sophistication urbaine des créateurs ou vachette sur la route poussiéreuse de la maison), un puzzle au dynamisme évident, avec une explosion de couleurs qui donne le sentiment que tout ce beau monde s’est précipité sur le pot de Crayola afin d’en tartiner chaque coin de la pellicule. Le film joue certes aux montagnes russes, mais a le goût du plat inconnu, aux yeux parfois plus gros que le ventre, avec cette générosité bouffonne et sincère qui sans cesse lui sauve la mise.

par Nicolas Bardot

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