Just a Kiss

Just a Kiss
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Just a Kiss
Æ fond kiss
, 2003
De Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Avec : Shamshad Akhtar, Shabana Bakhsh, Eva Birthistle, Pasha Bocarie, Ahmad Riaz, Atta Yaqub
Durée : 1h43
Sortie : 14/07/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Quand Casim le Paki rencontre Roisin la "Gori" (Occidentale), ils tombent amoureux au premier regard. Mais la famille de Casim, rompue aux règles communautaires, ne l’entend pas ainsi...

SCOTLAND AND FREEDOM

On était en droit d’appréhender le retour de Ken Loach en Ecosse. Pour sa troisième participation avec le scénariste Paul Laverty, après My Name is Joe et Sweet Sixteen, le cinéaste anglais semblait, au vu des notes d’intention, parti sur une pente périlleuse. Fable communautaire post-11 septembre, Just a Kiss s’annonçait comme une resucée bien-pensante et gentiment anti-raciste de Roméo et Juliette. Après visionnage, on est rassuré. Certes, le film n’essaie en aucun cas de nous surprendre et marche dans les pas d’un scénario carré et joliment écrit, mais il ne cède pas pour autant à la facilité. S’il ne déploie pas la même audace qui avait fait de sa participation au film collectif 11'09"01 - September 11 un contre-point intelligent, avec l’uppercut sonore d’Iñarritu, aux sucreries mièvres d’un Lelouch, Loach évite avec justesse et humour les clichés redoutés. Aussi, passé la crainte, l’on s’installe plutôt confortablement dans le quotidien d’une Ecosse pas encore brossée par le réalisateur, bouffée par la religion, l’intolérance et le racisme insidieux.

DAYS OF HOPE

Comme à l’accoutumée généreuse en détails et rompue à un vérisme joyeux, la caméra de Loach capte sans effet ce petit monde, n’hésitant pas à sortir des rails de la grisaille à laquelle sa récente filmographie nous avait habitués. On pourra s’agacer des looks proprets des deux héros, ou bien voir dans leurs jolis ébats amoureux et leur escapade espagnole un regain d’optimisme inopiné chez le Britannique. En effet, derrière un propos politique clair et efficacement amené, s’échafaude un joyeux conte moral mais jamais moralisateur, parfois triste, souvent drôle et autorisant des espoirs mesurés de happy end. La méthode Loach – décors et lumière naturels, prise de son directe, acteurs pour la plupart débutants, accents à couper à la hache et précision documentaire – fait le reste, apportant à l’ensemble un naturel confondant et aux moindres soupirs des comédiens un poids émotionnel captivant. On se permettra cependant de regretter que le projet esthétique ne rivalise pas toujours avec les ambitions narratives, ou tout du moins pas autant que par le passé. Reste que le passage de Loach sur la voie de l’optimisme se fait, contre toute attente, sans heurts majeurs. On l’encouragerait presque à persévérer…

par Guillaume Massart

En savoir plus

Æ fond kiss doit son titre original à un poème éponyme de Robert Burns. On est alors en droit d’ouvrir des yeux interrogateurs quant à sa traduction. Si, en optant pour Just a Kiss, le film conserve son étiquette anglophone, le sens s’en trouve passablement modifié (sans parler de la référence littéraire, de fait évacuée). Ainsi, du Tendre baiser originel, en accord avec la force de la relation entretenue par les protagonistes principaux, passe-t-on à un Juste un baiser bien moins idoine. Un détail, certes, mais qui valait le coup d’être signalé.

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