Jason X

Jason X
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Jason X
Friday the 13th - Jason X
, 2002
De Jim Isaac
Scénario : Todd Farmer
Avec : Boyd Banks, Chuck Campbell, David Cronenberg, Lexa Doig, Kane Holder, Lisa Ryder
Durée : 1h30
Sortie : 31/07/2002
Note FilmDeCulte : ****--

Congelé en 2020 par une équipe de chercheurs, le corps de Jason Vorhees est retrouvé cinq siècles plus tard par des scientifique de la planète Earth 2 (notre Terre étant depuis longtemps invivable). Se réveillant à bord du vaisseau spatial, Jason reprend là où il en était.

Icône un rien paresseuse du cinéma fantastique des années 80, Jason Vorhees est aujourd'hui considéré au mieux comme une source inépuisable de nostalgie infantile, au pire comme le personnage principal d'une longue série de films au succès incompréhensible et immérité. Corps mou et trop imposant, à la démarche balourde et saccadée, le tueur au masque de hockey promène sa stature inerte au long des sept épisodes qui ont précédé celui-ci (rappelons qu'il n'apparaît pas dans les épisodes 1 et 5), provoquant chez le spectateur quelques sourires émus, à défaut de véritable frisson. Représentante d'un genre à une époque où celui-ci évitait consciencieusement toute qualité, toute originalité, la série des Vendredi 13 reste vingt ans après sa création un mystère complet, sa bêtise flagrante le disputant au manque évident de talent.

Or, que peut devenir un personnage "crétin" lorsqu'il est projeté en plein cinéma du 21ème siècle, dans un film postérieur à Matrix, Star Wars, ou Terminator 2? La réponse est légèrement plus subtile qu'il n'y paraît, et Jason X de s'offrir généreusement au spectateur qui voudra bien gratter l'épaisse couche de lourdeur, constante de toute la série, pour y mettre à jour une jolie réflexion sur la temporalité du cinéma fantastique. Sorti du coma cinq siècles après ses premiers méfaits, Jason reprend son parcours sanglant à bord du vaisseau, imperturbable, insensible à la pitié ou aux balles des militaires qui lui font face. Ce qui nous donne au passage quelques jolis tueries à l'arme blanche, la meilleure d'entre elles ayant lieu au début du film, lorsque Jason explose sur une table le visage congelé d'une scientifique. Après l'absence désespérante de gore des derniers épisodes (7 et 8 surtout), l'on pouvait se demander si celui-ci choisirait un retour aux sources de ce côté, ou bien continuerait l'aseptisation du concept de la série. Nous sommes donc ravis de remarquer que les producteurs du film ont fait le bon choix.

Le constat est simple: le cinéma fantastique a changé ces dernières années, visuellement et formellement, mais les stéréotypes restent les même - il n'est d'ailleurs pas certain que le public jeune d'aujourd'hui les accepte aussi facilement que celui de ses aînés. Jason, grand défenseur de la morale chrétienne depuis sa noyade causée par la négligence d'adolescents imbibés d'alcool, doit de nouveau faire face à ses anciens démons: dans cette station spatiale où évolue un groupe d'étudiants, le sexe reste la constante, l'occupation principale. Il est d'ailleurs à noter le montage en parallèle de la scène de résurrection de Jason et de celle d'un coït entre un prof et son élève. Symbole bien entendu lourdement appuyé, les Vendredi 13 ne faisant que rarement dans la finesse: Jason revient pour punir les adolescents déviants de l'ordre moral établi.

En projetant ainsi un élément du passé dans une fiction d'aujourd'hui, le film acquiert un vague côté expérimental plutôt réjouissant, dont il ne tire finalement que peu parti, les bonnes idées étant rarement exploitées jusqu'au bout. C'est là sa principale faiblesse. Mais le concept tient la route, et l'on se prend parfois à prendre ouvertement parti pour le pitoyable Jason, totalement perdu dans un univers qui n'est pas le sien, obligé de s'adapter en portant un exosquelette d'adamantium, le rendant plus fort et plus invincible. Devenu ainsi partie prenante de ce nouvel univers, Jason doit de nouveau subir le pire des affronts, dans une scène absolument mythique, sans conteste la meilleure du film: projeté par l'ordinateur de bord en plein vingtième siècle, le tueur mort-vivant se retrouve face à deux lolitas pas très fraîches, l'invitant à fumer un joint dans leur sac de couchage. Le carnage qui s'ensuit est totalement inédit dans la série, puisqu'il montre un Jason énervé, cassant littéralement ses jouets, tel un enfant à qui l'on enlèverait son jouet favori.

En interrompant le rythme infernal des séquelles (à l'époque, une par an) responsable de la médiocrité de chaque opus, les créateurs de la série prennent dorénavant le temps de laisser mûrir un concept valable (Jason de corps en corps dans le 9, Jason dans l'espace dans le 10) afin de la laisser s'acheminer vers une certaine qualité, faisant de ces deux derniers épisodes les plus réjouissants de la série.

par Anthony Sitruk

En savoir plus

Jason, au même titre que Freddy Krueger ou Michael Myers, est un mythe du cinéma d'horreur des années 80. Créée en 1981 par Sean Cunningham, la série des Vendredi 13 acquiert immédiatement un succès immense, malgré sa faible qualité. De 81 à 89, huit épisodes voient ainsi le jour, mettant ainsi en scène trois tueurs différents: Maman Worhees (Vendredi 13), Jason Worhees (Le Tueur du vendredi, Meurtre en 3 dimensions, Chapitre final, Jason le mort-vivant, Une nouvelle terreur, Jason à Manhattan), et un obscur inconnu se faisant passer pour Jason (le 5) au grand désespoir des fans de la série. A partir du 4, le nombre de cadavres, grand attrait de la série, se stabilise à peu près à 18 par épisode. Vendredi 13 n°9, Jason goes to hell, voit apparaître un nouveau concept: Jason peut dorénavant se balader de corps en corps, tel l'alien de Hidden. A noter qu'une guest star de renom apparaît dans le final de cet épisode, par ailleurs charcuté par les producteurs, et sorti en vidéo sous deux éditions, l'une étant un director's cut de l'autre.

Jason devrait rencontrer très prochainement Freddy, dans un film intitulé Freddy Vs Jason. Les producteurs ont les droits des deux personnages, le scénario est prêt, Robert Englund (qui joue Freddy) se dit prêt à reprendre son rôle. Il ne manque plus qu'un cinéaste valable. Après Stephen Norrington (Blade), il semblerait que ce soit maintenant Ronny Yu (Le 51è état) qui soit sur les rangs.

Quelques liens :

Partenaires