Intervention divine

Intervention divine
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Intervention divine
Palestine, 2002
De Elia Suleiman
Scénario : Elia Suleiman
Avec : Nayef Fahoum Daher, Manal Khader, Elia Suleiman
Durée : 1h32
Sortie : 02/10/2002
Note FilmDeCulte : ****--

Un jeune homme palestinien vivant à Jérusalem ne peut rejoindre son amante bloquée à Ramallah par l'armée israëlienne. Les deux amants s'inventent un monde imaginaire pour échapper à la guerre.

Prix du jury au dernier Festival de Cannes, Intervention Divine compte de nombreux points communs avec No Man’s Land, le film surprise de l’an passé. A l’instar du Bosniaque Boris Tanovic, Elia Suleiman a choisi l’humour pour évoquer l’absurdité du monde, la poésie pour crier sa rage devant une occupation injuste. Après le remarquable Chronique d’une disparition, le cinéaste palestinien n’a rien perdu de son mordant. Toujours avec acidité, il dépeint le quotidien d’un peuple prisonnier, pris d’un soudain excès de folie.

La première partie – la plus intéressante – convoque Jacques Tati et Buster Keaton, échappées burlesques et gags visuels remarquablement composés. Héritier du cinéma muet, Elia Suleiman met en scène une dizaine de tableaux comiques et symboliques: un homme attend en vain un bus, des voisins se querellent, une route est détruite à coups de marteau… De ce quotidien répétitif naît une tension diffuse, un malaise quasi constant, mais laissé hors-champ. Ces hommes et ces femmes au bord de la crise de nerf vivent en territoire occupé à Ramallah. Leurs déplacements sont contrôlés, l’amour est sous liberté surveillée.

Vivant séparés par une ligne de démarcation contrôlée par des soldats israéliens hystériques et dépassés, les deux amants ne peuvent se rencontrer que sur un parking à proximité du check-point. Les contacts charnels se limitent aux regards, aux sourires et aux mains qui se caressent tendrement. Un soir, elle ne vient pas au rendez-vous. L’homme ne peut donc plus que fantasmer, rêver de sa belle en kamikaze de choc et de charme dans des saynètes maladroites et touchantes. Elia Suleiman surprend ici par son audace formelle. Très influencé par les films d’action américain, il ose la débauche d’effets spéciaux dans des scènes classiques du cinéma de genre, revisitées par son imagination débridée. Tout n’est pas réussi, tout n’est pas parfait, mais Intervention divine reste un film précieux, essentiel, noyé d’humour… juif.

par Yannick Vély

En savoir plus

Premier cinéaste palestinien sélectionné en compétition officielle, Elia Suleiman, né à Nazareth en 1960, a appris le cinéma aux Etats-Unis avant de revenir en Palestine. Son premier film, Chronique d’une disparition, production à l’origine destinée à la télévision, a obtenu le prix de la meilleure première œuvre à la Mostra de Venise.

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