Host (The)

Host (The)
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Host (The)
Gwoemul
Corée du Sud, 2006
De Bong Joon-Ho
Scénario : Baek Chul-hyun, Bong Joon-Ho, Ha Won-jun
Avec : David Joseph Anselmo, Bae Du-na, Park Hae-il, Byeon Hie-bong, Song Kang-ho, Spencer Kay Jim, Ah-sung Ko, Paul Lazar
Durée : 1h59
Sortie : 22/11/2006
Note FilmDeCulte : *****-

A Séoul, un monstre géant surgit des profondeurs de la rivière Han. Une fillette est enlevée. La famille Park part en croisade contre le monstre pour retrouver Hyun-seo...

LA BELLE ET LA BETE

Après le magnifique Memories of Murder, Bong Joon-Ho remettait en jeu son titre officieux de roi du cinéma de genre coréen avec, cette fois-ci, un authentique film de monstre. Présenté au Festival de Cannes 2006 à la Quinzaine des réalisateurs, The Host méritait bien une place dans la grande sélection, de par son humour ravageur et l’efficacité de sa mise en scène. Qu’importe, il a battu tous les records de fréquentation au pays du matin calme, devançant ainsi les blockbusters américains dont il reprend et améliore les formules. Depuis Alien, le huitième passager de Ridley Scott, le cinéma américain s’était en effet approprié le genre jusqu’à réaliser – ô scandale - un remake du fameux Godzilla japonais. Peu surprenant donc que Bong Joon-ho remette immédiatement les choses au point, en désignant un scientifique américain comme coupable de l’anomalie génétique qui écume les égouts du fleuve Han. Le film est également truffé de petites piques assassines envers les maîtres du monde pollueurs du dimanche et champions de la désinformation.

CRAZY FAMILY

Loin de n’être qu’une resucée coréenne d’Alien, The Host trouve très vite son ton et son originalité. Les héros sont ici de simples quidams, une famille de losers généreux avec un grand-père énergique, un paternel ronfleur, une championne de tir à l’arc placide, un diplômé chômeur et une petite fille énergique. La disparition de cette dernière dans les eaux sombres de la rivière oblige les adultes à s’unir et à se prendre en main. Personne ne les prend aux sérieux hormis un SDF taciturne. La chasse au monstre sera donc artisanale et bordélique, précipitée et implacable. Exit les gros bras et les bimbos convoqués par les films fantastiques américains, The Host bénéficie d'un supplément d'âme. Si Bong Joon-ho se moque parfois de ses personnages – la distance ironique est presque une tradition du cinéma coréen -, il leur voue aussi un amour véritable qui transpire à grosses gouttes sur la pellicule. La moindre saynète familiale touche en plein cœur et les étreintes amènent les larmes.

SALE SUCRE

Mais quand un personnage pleure à l’écran, le fou rire n’est jamais loin. Bong joue le contre-pied à la perfection, en désamorçant les montées lacrymales d’une pincée de burlesque. Alors qu’une veillée mortuaire est organisée, la famille se retrouve devant le portrait de la petite fille disparue. Les sanglots d’abord étouffés deviennent déchirants puis la messe se transforme en pugilat devant une foule de photographes. L’une des autres réussites de The Host est, bien sûr, la créature elle-même. Tantôt pataud, tantôt d’une vitesse redoutable, ce calamar à pattes ne figure dans aucun bestiaire classique et exerce un sentiment de fascination/répulsion assez prononcé. Dommage que Bong soit plus à l’aise dans la comédie et l’étude de caractère que dans le suspense. Si la première apparition de la bête est un vrai et beau morceau de bravoure, il faudra attendre l’affrontement final pour retrouver le grand frisson, doublé d'une émouvante pirouette.

par Yannick Vély

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