Honeymoon

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Honeymoon
États-Unis, 2015
De Leigh Janiak
Scénario : Leigh Janiak
Avec : Rose Leslie
Durée : 1h27
Note FilmDeCulte : *****-
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Un jeune couple en lune de miel va voir sa vie sombrer dans le chaos...

EMBRASSE-MOI, IDIOT

Parmi les références curieuses citées par la jeune Américaine Leigh Janiak, réalisatrice de Honeymoon, il y a Amour de Michael Haneke : comment filmer ce quasi huis-clos où un homme assiste impuissant à la déchéance physique et mentale de sa moitié ? A partir d’un postulat archétypal (un couple fait face à l’inquiétude dans une maisonnette isolée), Janiak délivre un point de vue… tout à fait particulier. Elle sait installer ses personnages d’amoureux qui font une mine de dégoût lorsqu’une ombre de cucul s’invite dans leur couple pas comme les autres. Sait installer aussi une atmosphère dans ces bois isolés et cette vieille maison de poupées où le poste de télévision vintage ne peut lire des films qu’en VHS. L’été débute seulement et il est prometteur. Modeste, Honeymoon prend son temps et donne parfois le pressentiment de ne pas aller plus loin qu’une histoire déjà vue où l’Autre reste un étranger, même s’il s’agit de l’amour de votre vie. Puis, habilement, le film glisse et glisse encore.

Dans combien de films a-t-on vu un personnage féminin perdre les pédales lorsqu’il est sur le point de devenir mère ? Des tonnes. Mais dans combien de films voit-on la même chose du côté masculin ? La liste est beaucoup plus courte et l’un des curieux déclencheurs de l’étrangeté dans Honeymoon est la réaction effarouchée du mari à l’idée de devenir père. Initialement du côté de la fille, le point de vue glisse peu à peu du côté du garçon. Après une nuit pas comme les autres, l’héroïne semble perdre la tête. Mais petit à petit, le doute s’invite : ne serait-ce pas lui qui deviendrait fou en découvrant celle qu’il a épousée ?

C’est là la principale malice du film, la plus jubilatoire. Janiak donne à observer le cauchemar classique du garçon de base : voir sa petite amie se transformer en chieuse intégrale. Bea, d’abord super-cool comme une bonne pote, devient quelque peu crispante. Est-ce un hasard si c’est le mariage qui semble l’avoir transformée ? La fable horrifique (qui est mon petite amie ? que s’est-il passé cette nuit ?) tourne à la farce SF féministe et revancharde (d’autant plus cruelle que le copain semble ici parfait) transformant les femmes mariées en prédatrices qui n’ont rien, mais vraiment rien d’une Stepford Wife. La satire est à la fois subtile (car son sous-texte peut échapper) et joyeusement outrancière (avec son finale merveilleusement too much). Et on est heureux d’avoir été ainsi baladé, de ce minimalisme glauque d’un épisode d’X-Files à ces ruptures de ton qui donnent à Honeymoon sa couleur très singulière.

par Nicolas Bardot

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