Hero

Hero
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Hero
Yin Xiong
Chine, République populaire de, 2003
De Zhang Yimou
Scénario : Wang Bing, Li Feng, Zhang Yimou
Avec : Maggie Cheung, Chen Dao Ming, Tony Chiu-wai Leung, Jet Li, Donnie Yen, Ziyi Zhang
Photo : Christopher Doyle
Musique : Tan Dun
Durée : 1h38
Sortie : 24/09/2003
Note FilmDeCulte : ***---
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero
  • Hero

La Chine féodale est la proie de guerres incessantes. Le redouté roi de Qin ambitionne d’unifier les sept royaumes rivaux et de faire taire définitivement ses ennemis. Le chevalier Sans Nom se présente à son palais. L’inconnu prétend avoir éliminé trois dangereux assassins dépêchés par les états voisins. Intrigué, le roi écoute son histoire…

Hero - Bande annonce FRenvoyé par _Caprice_ - Court métrage, documentaire et bande annonce.

TOUT L’OR DU ROI

L’unité plutôt que la discorde, l’allégeance plutôt que la rébellion. Si la morale résignée provoque déjà quelques suspicions, Hero affiche une sérénité qui rompt avec la frénésie entourant sa sortie. Record historique au box-office chinois, Hero ne révolutionne pas le film d’arts martiaux. Il en offrirait plutôt la synthèse ampoulée: un exercice de style sentencieux, intronisé par cinq muses du cinéma asiatique – corps ondoyants en apesanteur (Jet Li, Donnie Yen), icônes glacées (Maggie Cheung, Tony Leung) et benjamine frondeuse (Zhang Ziyi). Depuis Epouses et concubines et Shanghai Triad, la méticulosité formelle de Zhang Yimou n’est plus à démontrer. Avec Christopher Doyle en conseiller lumière et Emi Wada en fée modéliste, tout écart de goût relève de l’impensable. Enduit d’un vernis rutilant, le faste déployé par Zhang ne s’épargne aucune préciosité. Pas une brindille, pas un ourlet, pas un cil qui n’ait reçu le sceau tatillon du cinéaste. Hero imbibe le plus petit drap de soie d’une débauche de couleurs aveuglantes. Chaque revirement de situation est identifié à une tonalité distincte (rouge véhément, bleu apaisant, blanc sépulcral…). Menottés par le gigantisme des décors, les héros disparaissent sous l’opulence des tableaux exposés. D’un raffinement inouï, Hero flirte pourtant avec une austérité et un statisme suffocants.

VARIATIONS SUR UN MEME THEME

Labyrinthe allégorique, huis clos obsessionnel, Hero réprime toute action et ressasse confusément la même histoire. Entrecoupés de danses aériennes et de performances au diapason, les échanges sceptiques de Sans Nom et du roi Qin peinent à trouver un point de concorde. Les deux hommes rivalisent de persuasion et interprètent à tour de rôle une intrigue parcellaire. Empruntant à Rashomon sa toile arachnéenne, Zhang Yimou soigne le fragment et les enluminures, sans réussir à donner corps à ses personnages. Poupées interchangeables, Flocon de Neige, Lune et Ciel Etoilé troquent leurs déguisements au gré de l’inspiration des conteurs. Maîtresse vengeresse, intrigante, inaccessible, Maggie Cheung sera la seule à échapper à la lourdeur des symboles. Le regard fuyant de Tony Leung trahit la vanité de sa mission, Zhang Ziyi picore les miettes d’un demi-rôle de faire-valoir. Hero se réfugie derrière un maniérisme flamboyant, en contournant soigneusement l’essentiel – le fond. La touche patriotique, décriée ici et là, choque moins que l’absence d’un propos convaincant. Hero se voulait une apologie de la non-violence, un vibrant manifeste esthétique, il apparaît comme une fresque mesquine, un pensum didactique et simpliste. La raideur de la mise en scène, la transparence de l’individu créent un évident déséquilibre entre l’écrin impeccable et un scénario moite et faussement alambiqué.

POUSSIERES DANS LE VENT

Zhang maîtrise à merveille ses pinceaux; Hero n’en reste pas moins un film dénué de chair, dont la poésie frelatée ne fait que l’éloigner de ses principales sources d’inspiration, Les Cendres du temps et Tigre et Dragon. Hero fonctionne sur un mode contemplatif, en circuit fermé. La fluidité des mouvements n’égale jamais la force évocatrice d’un Wong Kar-Wai. Hommage décalé au wu xia pian, Les Cendres du temps transportait ses couples dans un désert tourmenté. Wong se glissait dans les replis d’une mémoire capricieuse, en mariant jeux de miroir et énigmes amoureux. Hero n’en récupère que des bouts effilochés et mal ajustés. Les tableaux grandiloquents ne laissent deviner aucune tension, aucune blessure. Zhang se contente des beaux restes de Tigre et Dragon, passé presque inaperçu en Chine. L’excès de zèle n’empêche pas les maladresses (des ralentis inopportuns, des ellipses trop rudes, la trajectoire d’une flèche en caméra subjective). L’image la plus significative restera celle d’un cercle oppressant. Un récit asséché, des figures désincarnées, tournant autour d’un même symbole menaçant: une armée repliée sur elle-même, une intimité agressée par des intervenants extérieurs. Acculé puis englouti par la foule, Jet Li avance pour mieux reculer. On ne s’étonnera guère que son personnage soit "sans nom".

par Danielle Chou

En savoir plus

Après quelques détours infructueux par des fictions contemporaines, Zhang Yimou revient sur le devant de la scène avec Hero. Dopé par un succès phénoménal en Chine, le cinéaste poursuit son exploration du film d’arts martiaux avec Le Secret des poignards volants. L’équipe reste inchangée (Ching Siu-Tung en chorégraphe, Emi Wada en costumière). Le casting réuni fait de nouveau saliver la concurrence: l’incontournable Zhang Ziyi, Andy Lau (

Quelques liens :

Commentaires

Partenaires