Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban

Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban
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Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban
Harry Potter and the Prisonner of Azkaban
États-Unis, 2004
De Alfonso Cuarón
Scénario : Steve Kloves d'après le roman de J.K. Rowling
Avec : Rupert Grint, Gary Oldman, Daniel Radcliffe, Alan Rickman, David Thewlis, Emma Watson
Musique : John Williams
Durée : 2h21
Sortie : 02/06/2004
Note FilmDeCulte : *****-
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Harry Potter et ses amis se retrouvent pour leur troisième année à l'Ecole des Sorciers de Poudlard. Le danger rôde avec l'évasion de Sirius Black, un mystérieux criminel qui pourrait être lié à Harry.

A NEW HOPE

Les précédentes adaptations d' Harry Potter n'ayant convaincu ni les fans ni les néophytes, tout le monde déplorait l'absence d'un véritable auteur derrière la caméra. Les deux tentatives de Chris Columbus, certes honorables, demeuraient décevantes par rapport au matériau de base. Pas de réelle valeur ajoutée, pas de personnalité dans la mise en scène ou le scénario qui, souhaitant être 100% fidèle à la source, enchaînait maladroitement les séquences. Sans être ratés, les premiers volets des aventures du jeune sorcier étaient loin de combler les attentes. On regrettait de ne pas voir Steven Spielberg, un temps intéressé, ou Terry Gilliam, favori de l'auteur, s'atteler à la tâche, un faiseur probablement plus malléable ayant été préféré. Le choix d'Alfonso Cuaron avait alors de quoi déconcerter. Or il s'avère être la meilleure idée depuis le lancement de cette gigantesque entreprise qu'est la franchise Harry Potter. Le jeune réalisateur mexicain a su s'approprier l'oeuvre originale sans jamais la dénaturer et signe un excellent film d'aventures à la croisée des genres, entre le film d'horreur et l'étude de moeurs adolescentes.

SMELLS LIKE TEEN SPIRIT

Quiconque a vu Y tu mama tambien, film précédent du réalisateur évoquant le passage de l'adolescence à l'âge adulte, ne sera pas surpris de voir Cuaron s'attarder sur l'entrée dans la puberté de ses protagonistes. Au coeur du roman, ce thème est ici pleinement exploité par les auteurs qui abandonnent alors peu à peu le monde de l'enfance pour s'orienter d'avantage vers la chronique "teenager". Personnage central, Harry Potter est évidemment représentatif de ce nouvel univers, avec tout ce qu'il comprend de crise d' adolescence, de colère intérieure, de tourments. Orphelin recueilli par une famille indigne, le héros n'a de cesse de chercher une figure paternelle. Après le vieux Dumbledore, c'est auprès de Remus Lupin, le nouveau venu, qu'Harry cherche conseil. La quête d'un parent, d'un guide est également au centre du film. Par le biais de quelques scènes (la fugue d'Harry au début du film) ou de simples détails (la première nuit au château des pensionnaires masculins), le scénario saisit parfaitement ces constantes de l'âge ingrat, ravivant habilement des souvenirs connus de tous. Même la rivalité entre les groupes d'élèves paraît plus naturelle que l'archétype habituel des antagonistes bons et méchants. Visuellement, le réalisateur opte pour une approche presque naturaliste lors de ces séquences, alliant une photographie sans fard à une mise en scène dénuée d'effets superflus, privilégiant le plan large au gros plan. Dans cette optique, le choix, un temps controversé, de faire porter aux jeunes acteurs des vêtements « normaux » (au lieu de leurs robes de sorciers), s'avère on ne peut plus pertinent et complètement justifié. La démarche de Cuaron confère tout de suite un aspect réaliste à l'ensemble et apporte une crédibilité supplémentaire à un récit fantastique.

SOMETHING WICKED THIS WAY COMES

Le metteur en scène ne néglige pas pour autant l'autre genre dans lequel le film s'inscrit. Là où le premier opus posait les bases d'un nouvel univers magique (fourmillant de gobelins, de dragons, de licornes, et de centaures) et où le second s'aventurait du côté du film de monstres (avec ses araignées et son serpent géants), ce nouveau tome flirte avec le film d' épouvante. Encore une fois, Cuaron cerne à la perfection l'horreur ambiante, avec des contrastes très appuyés (noirs très noirs, blancs brillants), comme l'illustre si bien cette confrontation au clair de lune dans la dernière partie du métrage. Tout le film baigne dans une atmosphère sombre, en proie à une catastrophe imminente. Le mal rôde, les matchs se jouent sous la pluie et même les moments heureux sont entachés par un ciel sombre. La peur règne. Déjà dans le roman, la menace du prisonnier échappé et la présence constante de créatures à glacer le sang étaient autant d'éléments symboliques d'une peur inhérente aux personnages. Peur de grandir, peur du futur, peur de son destin : une crainte au coeur de tout adolescent, se questionnant sans cesse, cherchant des réponses. N'ayant pas hésiter à couper franchement dans le récit, évitant ainsi la structure épisodique malaisée d'autrefois, et se concentrant sur des thèmes qui lui sont chers, Alfonso Cuaron a su se distinguer de son prédécesseur. Avec un auteur à la barre, la saga Harry Potter se voit offrir sa meilleure adaptation à ce jour. Tout y est plus réussi qu'avant, de la mise en scène au scénario, en passant par les acteurs et les effets spéciaux. Espérons que l'arrivée de Mike Newell (Quatre marriages et un enterrement, Donnie Brasco) pour La Coupe de Feu maintiendra la série à ce niveau d'excellence.

par Robert Hospyan

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