Hacker

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Hacker
Blackhat
États-Unis, 2015
De Michael Mann
Avec : Viola Davis, Chris Hemsworth, William Mapother, John Ortiz
Photo : Stuart Dryburgh
Durée : 2h15
Sortie : 18/03/2015
Note FilmDeCulte : ***---
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Hacker suit un détenu en permission et ses associés américains et chinois dans leurs efforts pour traquer et démanteler un puissant réseau de cybercriminalité internationale, les entraînant de Chicago et Los Angeles à Hong Kong et Jakarta.

UNMANNED

Loin d'être la catastrophe annoncée par la critique américaine, Hacker souffre toutefois des mêmes lacunes que Miami Vice et Public Enemies, apparaissant parfois comme une redite du premier mais témoignant de l'inégalité du second. En effet, Michael Mann semble à nouveau abandonner l'épure qui faisait du premier une expérience sensorielle plus ou moins convaincante et c'est une fois de plus par moments seulement que le film semble s'incarner. En fait, plus encore que Miami Vice, Hacker fait penser à... un James Bond. Les protagonistes du cinéaste ont toujours eu ce charisme viril de mec qui est le meilleur dans ce qu'il fait mais la nature physique de ce personnage de hacker campé par Thor himself lorgne davantage du côté du héros de cinéma, avec sa part de fantasme donc, que de la caractérisation réaliste. L'intrigue globe-trotteuse le mènera de Los Angeles à Hong Kong à Jakarta, à la poursuite d'un adversaire quasi-invisible et surpuissant, loin des gangsters que l'on rencontre habituellement chez Mann, avec ses côtés, un agent du gouvernement (étranger) qui est un vieux pote et un personnage féminin (exotique) qu'il va inévitablement séduire, autant d'archétypes bondiens s'il en est. Malheureusement, on retrouve aussi les défauts de la saga 007, dans cette trame en jeu de piste simplet, dans le bad guy caricatural et dans l'anémie du rôle féminin. Le minimalisme de la relation entre Colin Farrell et Gong Li parvenait à être un tant soit peu iconique mais ici, on est davantage dans la fonctionnalité de la romance Johnny Depp/Marion Cotillard. On désespère de revoir un jour un scénario de Mann aussi béton que Heat ou Révélations ou même, pour citer un film ouvertement plus "genre/série B", Collateral. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, malgré le potentiel du sujet et derrière ses beaux discours en interview, Mann se désintéresse complètement de la portée politique de son histoire. On joue avec la bourse, on cite le 11 septembre pour la forme, mais ça s'avère être un banal thriller.

Heureusement, dans la forme, il y a encore de beaux restes. Les premiers plans refont le monde à l'ère numérique. On n'y voit plus des continents et des pays mais des autoroutes d'informations. Une entrée en matière qui annonce la couleur avant d'approfondir l'idée en nous propulsant à l'intérieur de la machine et des circuits, cherchant à rendre matériel l'intangible, comme pour symboliser son danger, bien réel, ou signifier le niveau infinitésimal auquel peut se jouer une catastrophe à dimension (littéralement) nucléaire. Ces plans en images de synthèse, assez peu représentatifs de l’œuvre du metteur en scène, avaient de quoi faire peur dans la bande-annonce mais, dans le film, Mann parvient à les faire passer en instaurant tout de suite une ambiance oppressante. Il nous plonge dans l'infiniment petit et parvient à nous effrayer en disant "voilà, ça se joue à ça, à rien, à une des données immatérielles et à une diode". Une diode qui s'allume avec l'effet d'une bombe. Sinon, c'est encore dans les fusillades que Mann impressionne. Une course poursuite dans un tunnel en colimaçon, des hommes armés cachés entre des blocs de béton... Oui, on est bien dans l'expressionnisme adopté par Mann depuis quelques films. Les tirs sont experts, les coups de feu résonnent, les balles font mal. Et le climax, aux images sublimes et violentes, caractéristiques de la poésie brutale de Michael Mann, renverrait presque au Dernier des Mohicans. Mais le film dure 2h15 et ces séquences sont bien trop rares, perdues dans une enquête qui finit par fatiguer et habité de personnages une nouvelle fois trop peu fouillés. Le Mann incarné reviendra-t-il un jour?

par Robert Hospyan

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