Great Ecstasy of Robert Carmichael (The)

Great Ecstasy of Robert Carmichael (The)
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Great Ecstasy of Robert Carmichael (The)
, 2005
De Thomas Clay
Scénario : Thomas Clay, Joseph Lang
Avec : Danny Dyer, Lesley Manville, Charles Mnene, Daniel Spencer, Ryan Winsley
Durée : 1h36
Sortie : 26/04/2006
Note FilmDeCulte : ******

Robert Carmichael est un adolescent sans problème qui a de bons résultats scolaires et joue divinement du violoncelle. Il vit dans une petite ville côtière de l’Angleterre et, avec deux de ses amis, va se laisser entraîner dans une spirale de délinquance et de violence. Un véritable électrochoc pour la tranquille communauté.

VILAIN PETIT CANARD

Robert Carmichael est loin d’être le garçon le plus populaire du lycée, sort souvent réservé aux premiers de la classe. Il est mis à l’écart par ses camarades et ne compte que deux amis, qu’il retrouve pour aller fumer de l’herbe sur la plage entre deux cours. Robert est un garçon tranquille, qui observe plus qu’il ne dit mot. Il apprend. Un apprentissage qui passe à la vitesse supérieur quand Larry, le cousin de l’un de ses deux copains, sort de prison. Fini les joints, ce sont maintenant les pilules d’ecstasy qui circulent et font bientôt place aux lignes d’héroïne. Stone mais conscient, Robert est témoin d’un viol collectif, lui dont les seules expériences sexuelles sont celles qu’il cache dans les toilettes, en compagnie de la littérature du Marquis de Sade. C’est après le concert de fin d’année, alors que le cousin Larry est de nouveau en prison, que les trois garçons décident de se faire un méga trip avec toute la marchandise que celui-ci a laissé derrière lui. Fini la théorie, le temps est venu pour Robert de passer à la pratique. Tout ce qu’il a depuis si longtemps observé, toutes les vexations dont il a été victime, vont servir de détonateur à une formidable violence qui le laissera au petit matin hagard.

QUAND LES IMAGES SE FONT VIOLENCE

Thomas Clay livre un premier film poétique, brutal et d’une surprenante maturité. Il est aidé derrière la caméra par Yorgos Arvanitis, qui a longtemps collaboré avec Théo Angelopoulos. Les différentes utilisations des techniques cinématographiques ne semblent plus avoir de secret pour lui, tout comme l’utilisation du temps, que ce soit lors d’un magnifique travelling qui fait découvrir au spectateur la cour du lycée et finalement Robert tout seul dans son coin qui observe ses camarades, le plan des trois garçons assis sur un rocher sur la plage en train de fumer de l’herbe avec, pour seule conversation, celle des mouettes qui fait écho au bruit des vagues, ou encore cet hallucinant plan-séquence de huit minutes à la beauté hypnotique, au cours duquel l’action et la musique vont aller crescendo pour laisser le spectateur abasourdi sur son siège. Ce ne sera rien en comparaison avec "la grande extase" de la scène finale, qui dérape brusquement dans un tourbillon de violence et dont le réalisateur fait perdurer le sentiment de malaise avec un générique de fin composé de sons sourds et secs qui résonnent désagréablement aux oreilles du spectateur, qui aimerait justement pouvoir quitter cette scène. Le message de fin étant: "Qu’est-ce qui est pour nous inévitable? Le bonheur."

LA MUSIQUE, REFLET DES MOEURS

La musique joue d’ailleurs un rôle important dans le film. En effet, il débute avec Robert qui répète son violoncelle à la maison. Les scènes nocturnes qui témoignent du côté sombre des adolescents sont elles aussi accompagnées du violoncelle mais les notes prennent alors un ton dur, violent. Alors que quand les personnages sont à la maison, la musique se fait plus douce, témoin du côté bon garçon des adolescents. La télévision a également une place importante et à chaque fois, ce sont les nouvelles de CNN qui sont diffusées, avec un George Bush vindicatif qui débat de la guerre du Golfe. Le professeur de Robert ayant bien indiqué au début du film que les médias ne sont qu’un intermédiaire entre les nouvelles et les gens, et qu’il faut rester critique et se demander qui "fait" ces nouvelles? Dans quel but? Pour qui? Autant de questions supplémentaires dans le quotidien de ces garçons qui se demandent également quelles sont les perspectives d’avenir dans ce village côtier sans travail? Comment donner un sens à sa vie dans une société dominée par la manipulation? Comment trouver sa place dans une petite communauté? Comment ne pas déraper?

par Carine Filloux

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