Ghost World

Ghost World
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Ghost World
États-Unis, 2001
De Terry Zwigoff
Scénario : Daniel Clowes, Terry Zwigoff
Avec : Thora Birch, Illeana Douglas, Scarlett Johansson, Brad Renfro
Durée : 1h55
Sortie : 05/06/2002
Note FilmDeCulte : ******

Adapté d'un comic célèbre, Ghost World raconte l'histoire d'Enid, jeune fille récemment diplomée, qui passe l'été le plus important de sa jeune vie. Elle doit trouver un travail misérable, emménager avec sa meilleure amie Rebecca et jongler entre son père, son affreuse future belle-maman, le garçon qu'elle croit aimer, les cours d'arts tenus par une folle et son nouvel intérêt, un loser nommé Seymour.

Film rebelle, film sur l'adolescence, film sur le passé qui s'efface, film sur les difficultés de l'entrée dans l'âge adulte, film romantique, film drôle, film tragique, film émouvant, film satirique, Ghost world est tout cela. L'héroïne de Ghost World, Enid (splendide Thora Birch), est une adolescente inadaptée au monde, cynique, refusant les concessions avec une conviction rare (l'apparence et les traits de caractère rappellent la série animée Daria). Sa vie se résume très vite: faible intérêt pour l'école, inaptitude au fast job (travail sous payé, sous expérimenté), incompatibilité d'humeur avec les fantômes qui peuplent sa ville.

Parmi ces fantômes, il y a Norman, qui attend l'arrivée d'un bus sur une ligne fermée depuis deux ans; Josh, garçon rebelle finalement humain, trop pour Enid; Roberta, ex-hippie reconvertie en prof d'art politiquement bidon; son père, aimant par défaut. Il y a Rebecca (Scarlett Johansson, déjà vu dans The Barber), son amie, suivant son attitude de rejet du monde, pour finalement s'idéaliser dans une vie ordinaire, avec des verres suédois et son appartement personnel rempli d'affreuses choses communes. Et enfin il y a Seymour: incarné par Steve Buscemi, Seymour est à la fois le héros de Enid et sa plus grande peur. Seymour le rebelle, est avec le temps, devenu Seymour le loser. Un être seul, inadapté au monde extérieur qui cache son histoire, son mal-être. Enid adule cet homme fan de blues, rejetant une vie standard, pour finir par avoir peur de devenir comme lui, un femme seule et inadaptée. Le choix d'Enid n'existe pas, il faut accepter ou rejeter le monde des fantômes. Etre Rebecca ou Seymour. La fuite en avant est une solution et la fin du film sera joyeuse ou affreuse selon les opinions.

Pour son premier film, Terry Zwigoff a eu du mal à monter Ghost World, imposer son imaginaire à la fois désolant et si réel. Un monde métaphorique merveilleux, fascinant et en même temps si concret: en chaque fan (de quoi que ce soit ) réside un Seymour, effrayant et si concret, et en chaque adolescent cérébré réside les contradictions de Rebecca et Enid...Ghost World traite d'une société annihilée, qui oublie que ses racines sont ancrées dans l'horreur du racisme, des massacres, une société qui n'est pas meilleure, mais qui cache mieux ses a priori. Ghost World est un film rejetant cet esprit de communauté allant dans la même direction, achetant les mêmes produits, avec patriotisme et engouement. C'est un film sur les autres, ceux que l'on nomme les originaux, les parias, les losers. Un film qui montre ce que les gens n'exposent pas, ce qui n'est pas montré. De tout naît le beau, tout est dans l'oeil du spectateur.

par Yannick Vély

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