Die Geliebten Schwestern

Die Geliebten Schwestern
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Geliebten Schwestern (Die)
Allemagne, 2014
De Dominik Graf
Scénario : Dominik Graf
Durée : 2h51
Note FilmDeCulte : **----
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Le triangle amoureux qui lie, au XVIIIe siècle, le poète Friedrich Schiller et les sœurs Caroline du Beulwitz et Charlotte Lengefeld.

MÉLODRAME DES CHAUMIÈRES

Dominik Graf n'est pas un réalisateur facile à étiqueter. S'il est capable de frayer avec les noms les plus pointus de l'Ecole de Berlin (la minisérie Dreileben, aux côtés de Christophe Hochhausler et Christian Petzold, ce dernier nous ayant d'ailleurs parlé de son admiration pour Graf), il est également capable du classicisme le plus convenu (la lourde fresque historique Le Perroquet rouge). Malheureusement, son nouveau long métrage vient plutôt se classer dans cette deuxième famille. Voix-off permanente, lourds violons et grandes tapisseries sont là pour nous le confirmer : Die Geliebten Schwestern ne cherche surtout pas à bousculer les codes du film d'époque. Pendant presque trois heures, la liste des surprises et des audaces est ici effectivement particulièrement mince. Pourtant, cette histoire de triangle amoureux commence plutôt bien. La première heure fait notamment preuve d'un rythme plutôt soutenu et d'une légèreté bienvenue, où le joyeux ménage à trois à venir n'est jamais vécu comme un problème pour ses protagonistes. Die Geliebten Schwestern n'est certes pas le Marie Antoinette de Coppola, mais si tous les films académiques pouvaient faire preuve d'un entrain similaire à cette première partie...

Tout se gâte et s'empêtre à partir d'un moment très précis, quand deux de ces trois nigauds passent à l'acte et couchent ensemble. Ah c'est malin. Le film se transforme alors en long mélodrame des chaumières, où la joyeuse immoralité supposée du début laisse définitivement place à une jalousie familiale nettement plus conventionnelle. Le rythme ralentit alors sensiblement, à mesure que l'horizon s'assombrit et la rancœur des deux sœurs s'alourdit. La métaphore récurrente de la trace écrite comme vecteur du savoir, des sentiments et de l'épanouissement personnel (lettres amoureuses, imprimerie, codes secrets, nombreuses correspondances épistolaires) aurait mérité un traitement plus vivant que cette voix-off monotone. Die Geliebten Schwestern s'embourbe rapidement et durablement dans le déjà-vu, jusqu'à ne plus ressembler qu'à tous ces films historiques assommants que l'on nous forçait à regarder en classe, mal assis sur nos chaises et assommés par un didactisme poussiéreux.

Dommage, car le film rejoue in extremis l'une de ses belles idées du début : utiliser, à la façon des Romantiques, des paysages torturés pour traduire les émois intérieurs que les protagonistes n'osent avouer. Le temps d'une séquence où l'une des deux sœurs hurle enfin son amour, la voix recouverte par le bruit assourdissant d'une chute d'eau, le film se met enfin au diapason de la passion amoureuse qu'il dépeint. Cette scène a beau revenir deux fois, elle ne représente qu'une seule des 170 longues minutes de ce film.

par Gregory Coutaut

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