Garden State

Garden State
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Garden State
États-Unis, 2004
De Zach Braff
Scénario : Zach Braff
Avec : Zach Braff, Ian Holm, Natalie Portman, Peter Sarsgaard
Durée : 1h49
Sortie : 20/04/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Andrew Largeman est un jeune acteur débutant à Hollywood galérant entre un petit boulot de serveur dans un restaurant japonais chic et des rôles ingrats dans des sitcoms et films sans intérêt. Lorsque sa mère meurt et qu’il doit rentrer chez lui de l’autre côté des Etats-Unis, il se retrouve confronté à son passé et ses amis d’enfance.

LARGE’S ARK

Une nouvelle fois victime de l’expression galvaudée "film générationnel", Garden State vise pourtant une génération spécifique. Celle qui suit immédiatement le passage à l’état adulte. L’instant d’une supposée stabilité, là où se fixent les carrières pour le meilleur et pour le pire. Rêves de jeunesse envolés ou cristallisés, brutalité d’une situation précaire à l’assurance mal aisée. Période sensible définie par la mort ou le mariage des proches, zone émouvante, destruction des dernières illusions adolescentes. Zach Braff signe un premier film forcément teinté d’autobiographie et y injecte dans une fibre douce-amère parfaitement révélatrice les doutes de sa génération. Le jeune acteur révélé par la série médicale et loufoque Scrubs s’est réservé un rôle radicalement différent, supposé lui ressembler de plus ou moins loin. Il y incarne un être en rupture avec ses racines, ses amis d’alors, sa famille et tout ce qu’il a pu connaître. Un personnage presque transparent, glissant sur son existence, incapable d’affronter les réalités de son passé, tandis qu’autour de lui gravite une foule de protagonistes loufoques et barrés, à la fois pathétiques et légèrement caricaturaux. Humains paumés, largués par l’existence, aux ailes brûlées, parmi lesquels on retiendra essentiellement Peter Sarsgaard, touchant et trouble, et la lumineuse Natalie Portman qui, si elle n’impressionne pas par son jeu, sait jouer d’une énergie communicatrice. Le réalisateur mélange avec grâce les ingrédients pour signer une œuvre à petit culte.

C’EST UN PETIT JARDIN

Zach Braff, pour son premier film, livre un ouvrage classieux et maîtrisé, bourré de plans larges finement éclairés et de petites trouvailles de mise en scène. Sans pour autant céder à la facilité du trop personnel, le jeune réalisateur s’est offert un sujet dans lequel il injecte nombre de ses propres doutes. Difficile en effet de ne pas voir en cet acteur de série télé cherchant à percer une projection de ses propres angoisses de provincial tout frais débarqué à Los Angeles. Difficile non plus de ne pas ressentir sa peur de se retrouver brutalement coupé du monde de son enfance, son New Jersey natal. Garden State, malgré son aspect de comédie assumée, reste avant tout un film drapé dans l’ouate éthylique d’un réveil douloureux. Fidèle à ses personnages, Zach Braff s’arrange pour les traiter avec le plus de justesse et d’honnêteté possible. Pas de cynisme ou de mépris à l’horizon, pas même non plus une méchanceté commode sur les petites gens normaux d’une Amérique bien tranquille, Braff ne fait pas non plus dans l’apitoiement outrancier. Son regard est porté ailleurs, sur ces cellules humaines s’agitant dans un bocal qu’il a lui-même remué afin de mieux dissiper le trouble. Servi par une bande sonore parfois un peu facile, Garden State est le genre de film qui fait ressentir un court instant la justesse du trait et la finesse de l’observation. Pur moment d’ambiance de joli chagrin, Zach Braff peut être fier de nous avoir ému.

par Nicolas Plaire

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