Furet (Le)

Furet (Le)
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Furet (Le)
France, 2003
De Jean-Pierre Mocky
Scénario : Jean-Pierre Mocky
Avec : Patricia Barzyk, Michael Lonsdale, Robin Renucci, Dick Rivers, Michel Serrault, Jacques Villeret, Karl Zero
Durée : 1h28
Sortie : 29/10/2003
Note FilmDeCulte : **----

Mais qui est donc ce tueur furtif que les médias ont surnommé Le Furet, et qui applique une justice particulière dans les rues de Paris? Un dandy? Un fou? Non, un serrurier féru de vieux films de gangsters, et envieux des "belles blondes" et des "grosses bagnoles" de ses héros en noir et blanc…

MOCKY DE SERIE (B)

Avant toute chose, il nous faut confesser un attachement particulier au cinéma et au personnage (l’un ne va pas sans l’autre) de Jean-Pierre Mocky. Velléités indépendantes de résurrection d’un certain cinoche populaire, poses anars du plus bel effet, fous rires de haut vol, coups de gueule un rien forcés… Décidément, Mocky est sympathique. Dans ces conditions, c’est toujours le sourire aux lèvres que l’on accueille un nouvel opus de notre chantre national de la série B. Dernier en date, Le Furet, adapté de Lou Cameron, comédie foutraque voulue comme un émule des Tontons flingueurs. Armé d’un casting de première bourre, Mocky aspire donc à faire se bidonner les salles, à balancer quelques répliques cultes et à enrober le tout dans une histoire rythmée et pas trop prise de tête. Si, à certains égards, le pari semble tenu (certaines lignes de dialogue, notamment, valent vraiment le détour), on a du mal à être complètement enthousiaste. Si, dès les premières images, la patte Mocky - mise en scène artificielle, un peu toc, très typée eighties - est palpable, et appréciable, le rire n’est pas systématique. La faute, d’abord, à une trame discutable: le Furet peut difficilement apparaître comme un justicier respectable. Tueur de dealers, de macs et de ripoux, gros franchouillard, navré de sa petite vie partagée entre les lundis de saillie de sa grosse femme et les rediffs de la Star Ac’, il rêve de pognon et de gros nichons. Limite, quand même.

ARSENIC ET VIEILLES GANACHES

Heureusement, ce sous-texte douteux disparaît vite sous la caméra de Mocky, toujours aussi doué pour sublimer le grotesque. Surenchère dans la surenchère, la direction d’acteurs a rarement été aussi exaltée que dans Le Furet. En témoigne un Michel Serrault qui, après les désastreux Une Hirondelle a fait le printemps, Le Papillon et La Folie des hommes, parvient à culminer dans le ridicule (en comparaison, son rôle dans La Cage aux folles passerait presque pour un modèle de sobriété). A ses côtés, Karl Zéro, toujours pas remis du catastrophique Le Jour et la nuit de BHL, crie, sue et grimace outrageusement. Heureusement, Villeret est comme souvent impeccable et parvient à rendre sympatoche un Furet pas forcément fréquentable. De même, Lonsdale prouve une fois de plus, après Le Mystère de la chambre jaune, que son grand talent d’acteur est beaucoup trop peu exploité par le cinéma français. Mais la révélation ultime du Furet, c’est bien sûr Dick Rivers, qui livre une performance hallucinée et hilarante, mais hélas trop courte, de mafioso ridicule. Du bon gros ciné qui tache, donc, mais, pour qui sait mettre sa conscience cinéphile au vestiaire, reste plutôt agréable à suivre.

par Guillaume Massart

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