Fulltime Killer

Fulltime Killer
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Fulltime Killer
Chuen Jik Sat Sau
Hong Kong, 2001
De Wai Ka Fai, Johnnie To
Scénario : Wai Ka Fai, Joey O'Bryan d'après d'après l'oeuvre de Edmond Pong
Avec : Andy Lau, Kelly Lin, Takashi Sorimachi, Simon Yam
Photo : Siu-keung Cheng
Musique : Guy Zerafa
Durée : 1h40
Sortie : 04/12/2002
Note FilmDeCulte : *****-
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La fascination d’une jeune femme ordinaire pour deux tueurs rivaux, le discret O et l’exubérant Tok, répond à celle d’un flic tenace poursuivant sans relâche les deux hommes. Spectateurs d’un règlement de compte auquel ils finissent par prendre part, ils tentent de rattraper une histoire qui a commencé sans eux, en y apposant la signature finale.

Stakhanoviste éclairé du cinéma de Hong-Kong, signant en moyenne six films par an, réalisateur, producteur, découvreur de talents et rompu aux études de marché, Johnnie To explore tous les genres, avec un attachement plus particulier au polar, sujet hautement prisé dans l’ancienne colonie. Dernier opus d’une filmographie vertigineuse, Fulltime Killer superpose plusieurs histoires, en lorgnant sur tous les films d'action existants. Citant ça et là Terminator, Léon, Desperado ou Point Break, le film s’amuse des références qu’il convoque, avant de mettre en doute sa propre narration. O et Tok existent-ils? Qui a tué l’autre? Réalité ou fiction? Fiction dans la fiction? Johnnie To jette un regard de plus en plus distancié sur son récit et ses personnages. L’intrigue initiale s’effrite à mesure que le film avance, la fiction menace alors de sombrer dans un dédale de possibilités. Trois personnages, trois degrés de séparation. Chaque personnage décline en voix off son identité. O (Takashi Sorimachi), le tueur professionnel, infaillible et secret. Tok (Andy Lau), le rival amateur, se rêvant acteur de cinéma. Chin (Kelly Lin), la spectatrice soudain happée par un univers qu’elle ne connaissait qu’à travers des films. Chacun épie l’autre, chacun regarde la fiction de l’autre.

Le film recense les points de vue, avant de les confronter les uns aux autres: l’acteur, l’aspirant acteur et la spectatrice. A ces trois personnages vient se greffer un quatrième larron, promu scénariste aux deux tiers du film. Le flic (Simon Yam) qui, rendu fou par la disparition subite de Tok sous ses yeux, prend la plume pour résoudre un mystère sans clé. Quelle fin donner à l’histoire? Qui croire? Doté d’une mise en scène efficace, appuyé par d’excellents effets spéciaux, Fulltime Killer est un brouillage de pistes permanent, tenant à la fois du produit formaté et de l’audace narrative. Miroir déformant des polars HK (numéros d’acteur outranciers, misère des gunfights), le film se désintéresse très vite de son action pour rejoindre le cœur même de son projet: une fiction sur des bribes de fiction, où tout est jeu et dérision. Essai bouillonnant d’idées, Fulltime Killer n’est pas à un paradoxe près. Recyclage de tous les clichés du polar, production léchée portée par deux vedettes de la chanson et voyageant à travers l’Asie, le film s’offre clés en main au public, mais répond d’abord aux caprices d’un seul homme: Johnnie To, qui prend un malin plaisir à saper les fondements d’un genre dont il connaît trop bien les ficelles.

par Danielle Chou

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