Filles perdues, cheveux gras

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Trois filles paumées à l’existence un peu terne s’entraident pour remonter la pente: Elodie la prolo rebelle, Natacha la coiffeuse au grand cœur et Marianne l’étudiante branchée férue d’ethnologie.

François Ozon a ses 8 femmes, Claude Duty ses Filles perdues, cheveux gras. Deux ex-étoiles du court métrage réunies par une même lubie: des actrices, des chansons. A mi-chemin entre le mélo, la parodie non-sensique, le conte de fées et le dessin-animé, le premier long composite de Claude Duty dépareille avec la classe étudiée de l’autre comédie musicale sortie ce début d’année. Ozon s’offre les stars, Duty cultive le système D. Un générique sur fond de couscous et c’est parti. «Quand t’as de la peine, pense aux Kurdes et aux Tchétchènes…», «Quand je me trouve grosse, je pense à Demis Roussos…». Isabelle Huppert peut bien chanter Françoise Hardy, Emmanuelle Béart reprendre Corinne Charby, rien n’égale l’aplomb des chanteuses de Duty. D’une mièvrerie affichée, les mélodies de Filles perdues, cheveux gras nous rappellent à grands renforts de synthés au bon souvenir du top 50. Programme libre sur la déroute sentimentale de trois midinettes, Filles perdues, cheveux gras ne ressemble à rien. A première vue.

Duty détourne allègrement les poncifs du drame social, en s’aidant de son lot de farces et attrapes. Ses jeunes filles à problèmes n’existent qu’à travers la caricature: Elodie la mère sans avenir, Natacha la bonne copine portée sur la bouteille et Marianne la spirituelle larguée. A chacune son berceau déprimant: les cités HLM, la bonbonnière Demy ou les soirées pseudo arty. Dépassant la simple comédie, Filles perdues, cheveux gras ne ménage aucune réelle surprise dans ses jeux de divagation. Claude Duty a beau déployer son cortège de figurants décalés et de gags formatés, l’addition de répliques insipides ne suffit à rythmer un récit sans aspérité. L’humeur chagrine du trio finit même par déteindre sur la tonalité du film. Seule la réjouissante Marina Foïs, échappée des Robin des Bois, parvient à créer un décalage burlesque entre deux saynètes attendues. Dans cet environnement féminin, les hommes ne font que passer: Charles Berling en panoplie cuir incarne un bellâtre transparent, Sergi Lopez un expert conteur usant à souhait la carte de l’exotisme.

Mal exploitées et desservies par une réalisation mollassonne, les bonnes idées de Filles perdues, cheveux gras se noient dans une suite ininterrompue de sketchs tombant à plat. La consolation vient du joli timbre d’Olivia Bonamy et d’Amira Casar, qui forment avec Marina Foïs une attrayante chorale d’apprenties chanteuses. A défaut de révolutionner le genre, les six morceaux maintiennent l’attention jusqu’au dénouement féerique, sans doute la partie la plus réussie du film. L’interlude animé sur la légende d’une princesse inca, n’est d’ailleurs pas sans rappeler Kuzco de Disney. Premier essai vite oublié, Filles perdues, cheveux gras déçoit au final moins par son inconsistance que par son manque de ferveur.

par Danielle Chou

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Repéré par Luc Besson, Valmont est le compositeur attitré de sa nouvelle production, La Turbulence des fluides de Manon Briand, avec Pascale Bussières et Julie Gayet. Claude Duty prépare quant à lui son second long métrage, Bienvenue au gîte, avec de nouveau Marina Foïs et Léa Drucker.

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