Feux Rouges

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Feux Rouges
France, 2004
De Cédric Kahn
Scénario : Laurence Ferreira-Barbosa, Cédric Kahn, Gilles Marchand d'après d'après l'oeuvre de Georges Simenon
Avec : Carole Bouquet, Jean-Pierre Darroussin, Vincent Deniard, Jean-Pierre Gros, Charline Paul
Photo : Patrick Blossier
Musique : Claude Debussy
Durée : 1h46
Sortie : 03/03/2004
Note FilmDeCulte : ****--
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Antoine et Hélène partent en vacances rejoindre leurs enfants dans le sud de la France. Exaspéré par les embouteillages, rattrapé par de vieilles rancœurs, le couple se dispute violemment. Antoine s’arrête plusieurs fois dans un bar pour boire… A son retour dans la voiture, Hélène a disparu.

Feux rouges - Bande annonce FRenvoyé par _Caprice_ - Court métrage, documentaire et bande annonce.

TRAVELLING LIGHTS

Acte un. Antoine attend docilement son épouse dans un café, commande un premier verre, puis un second, puis un troisième... Le geste machinal se répète jusqu’à l’écœurement. Hélène est en retard. Quelque chose ne tourne pas rond. Acte deux. Consigné dans une voiture, le couple se querelle sans invoquer de raison précise. Antoine traîne sa bile sur les aires d’autoroute. Hélène disparaît. Antoine part à sa recherche. Rien ne distingue Feux rouges d’un vulgaire fait divers et de ses habituels échelons de panique. Habitacle suffocant, la voiture glisse imperturbablement sur le bitume, s’autorise des embardées laborieuses, des crissements de pneus retentissants. Ces accélérations sont autant d’alertes ponctuelles, pour prévenir - sans brusquer - des malheureux incidents à venir. Mais voilà, rien ne se passe. Ou plutôt: rien ne se passe comme prévu. L’intrigue brandit ses panneaux signalétiques à intervalles réguliers, sans lever le doute sur ses intentions. Où commence le calvaire policier? Qu’advient-il du drame domestique? L’œil furète à droite à gauche; le huis clos nocturne n’offre en pâture que les visages contractés de Jean-Pierre Darroussin, de Carole Bouquet (vite éclipsée), et cette autoroute à sens unique, monocorde, interminable – travelling euphorique ou surplace inquiétant –. Le danger se situe-t-il derrière le volant (Antoine est ivre mort), du côté du passager (Hélène menace de finir le voyage en train), ou encore d’un intrus extérieur (un forçat en cavale)? Symboliquement, une flèche rougeoyante clignote devant les yeux écarquillés d’Antoine. Cédric Kahn laisse s’insinuer une poisse plus visqueuse qu’il n’y paraît, un malaise pesant et hallucinatoire qui arrache le mari aux conventions du jour.

CONTRE-JOUR

La frénésie d’une nuit blanche contre le soleil accusateur d’un lendemain pâteux. La longue errance d’Antoine ne fait que préparer cette magnifique césure, dans laquelle les embrouillaminis repartent de plus belle. Les coups de fil ininterrompus (la meilleure séquence d’effroi de Feux rouges) ramènent Antoine à la réalité et le poussent dans une nouvelle spirale incendiaire. Le tunnel absurde, les altercations, les éclats de violence qui précèdent ce réveil bourdonnent encore à l’oreille du conducteur. A la lumière du jour, les événements de la veille prennent une dimension épique. Les effets retors distillés par Cédric Kahn agissent plus efficacement, à mesure que son personnage vacille dans un semi-coma. Le jeu d’hypnose du film repose sur cette attente inquiète, constamment déçue, d’un indice, d’un éclair de lucidité qui ferait bifurquer la course d’Antoine. Jean-Pierre Darroussin bougonne, s’impatiente, mais le bon sens s’égare. Antoine s’entête à poursuivre un train dans l’espoir de rattraper son épouse. Cette équipée délirante prolonge la fuite suicidaire de Roberto Succo. Les chassés-croisés entre gendarmes et voleur culminaient dans une course-poursuite perdue d’avance. Le véhicule d’Antoine prend des allures de cercueil ambulant, les barrages policiers tombent un à un par miracle. Assommé par l’alcool, le chauffard déphasé rêve éveillé, près de la rambarde d’une autoroute. Antoine est allongé sur le sol de son appartement. Hélène le fait glisser dans le couloir en le tirant par les bras… Feux rouges n’est jamais aussi réussi que lorsqu’il quitte les voies de la raison et s’abandonne à cette torpeur molletonnée, entre crise somnambule et réalité anesthésiée.

par Danielle Chou

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