Exils

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Exils
France, 2004
De Tony Gatlif
Scénario : Tony Gatlif
Avec : Lubna Azabal, Habib Cheick, Romain Duris, Leila Makhlouf
Durée : 1h43
Sortie : 25/08/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Zano et Naïma vivent ensemble dans un appartement de la banlieue parisienne. Un jour, Zano propose à Naïma l’idée un peu folle de partir sur la route et rejoindre leur berceau commun, l’Algérie.

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Partir, revenir. Exils s’ouvre sur des noms gravés à même la peau de Zano (Romain Duris), quelques tatouages d’une exploration intérieure qui commence. Un long voyage qui s’achemine vers la transe des corps s’échappant à eux-mêmes. Bain spirituel et quotidien transcendé jusqu’aux racines, le nouveau film de Tony Gatlif revendique ses figures candides à la nudité originelle, nées d’une cigogne et savates usées, sa poésie naïve et ses errances picaresques. D’une plongée sur un terrain vague gris aux choux champêtres qui mangent le cadre, Exils s’attarde sur les chemins du pèlerinage, une danse improvisée dans une fontaine de village, une ronde dans la forêt, caméra à l’épaule, face à un insecte fou. Le long métrage, dont les couleurs se réchauffent à mesure de route, s’appuie largement sur les épaules de ses deux comédiens principaux, Romain Duris, partenaire récurrent de Gatlif et ainsi très à l’aise dans son univers, et Lubna Azabal, souvent en surrégime mais au charme de feu.

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On le comprend assez vite, chez Gatlif le musicien, les notes de musique baladées sur la portée font office de mots à la bouche, le réalisateur troquant généreusement les seconds pour les premières. Pas forcément un mal dans un film où les dialogues traînent souvent la patte, répandus façon graffiti juvénile sur un mur de révolte (de "Ma religion c’est la musique" à "J’suis étrangère de partout"). La musique est, elle, plus diserte: techno urbaine et première transe solitaire, gitans au bord de la route qui défile, flamenco de l’embrasement, et enfin envoûtement soufi, dernière marche du cérémonial identitaire et mystique, plan-séquence qui, pratiquement à lui seul, a valu à son réalisateur le prix de la mise en scène à Cannes. Au sommet du crescendo grisant et électrique, les maladresses s’estompent pour laisser apparaître un cœur dont les pulsations s’affolent jusqu’à l’élévation. Le chemin, jamais achevé, reprend alors doucement, fort de ses généreuses embardées, de ses pauses mélodiques et de ses souvenirs photographiés.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

La native de Bruxelles, Lubna Azabal, pourrait être la révélation charmesque du Festival de Cannes 2004. Révélée par André Téchiné dans Loin, la belle a enchaîné les films d'auteur ambitieux comme Un Monde presque paisible de Michel Deville ou encore Viva Ladjérie de Nadir Moknèche, joli succès d'estime de ce début d'année. Elle retrouvera André Téchiné dans Les Temps qui changent et partagera alors l'affiche avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu.

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