Essaye-moi

Essaye-moi
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi
  • Essaye-moi

Quand Yves-Marie, 9 ans, demande à Jacqueline, qui a son âge: "Epouse-moi", elle répond par une pirouette: "Le jour où tu vas dans les étoiles, je te donne ma main". 24 ans plus tard, quand Yves-Marie, devenu cosmonaute, vient sonner à la porte de Jacqueline, celle-ci s'apprête à épouser Vincent et a tout oublié de sa promesse. Alors Yves-Marie a une idée: "Essaye-moi une journée avant de dire non!"

LA TÊTE DANS LES NUAGES

Avez-vous remarqué que dans chaque troupe qui se respecte, plusieurs fortes personnalités se démarquent systématiquement, créant ainsi une hégémonie parfaite au sein de cette bande, là où chacun pourrait, volontairement ou non, tirer la couverture à son avantage. Avez-vous remarqué que dans la bande des Robins des Bois, le personnage au caractère enfantin majeur, celui dont la personnalité naïve et sensible ressort le plus, comme celle d’un éternel enfant, est celle de l’homme que l’on nomme Pef? Il n’est donc pas étonnant de voir que, au moment de se retrouver derrière la caméra et de signer le scénario de son premier long métrage, ce trublion de Pierre-François Martin-Laval illumine son Essaye-moi de tout ce que l’univers enfantin peut avoir de tendre, innocent, spontané, souriant, authentique, parfois stupide… Au travers de ce film qui ne cherche pas plus loin que ce qu’il est venu raconter, Martin-Laval pose donc tout ce qui compose son univers pour mieux faire rejaillir les sentiments purs et forts de l’enfance et créer ainsi une histoire originale composée de personnages atypiques, qui parlera aux plus nostalgiques d’entre nous, en ravivant la flamme qui sommeille dans notre âme et qui ne demande qu’à rejaillir de temps à autre, l’espace d’un film sincère. Sous la forme d’un conte de fée pour adulte (comprendre comédie romantico-burlesque), mais qui n’oublie pas les enfants, Essaye-moi se transforme en un souffle léger et tendre, se distillant en un murmure susurré à nos oreilles comme la douce comptine que notre maman nous récitait lorsque nous-même étions encore de simples et candides chérubins.

JEUX D’ENFANT

Un peu comme si l’on feuilletait un livre de photos d’époque pour se remémorer les belles choses d’antan, Essaye-moi arrive à jouer, avec une facilité déconcertante, sur la vulnérabilité des émotions infantiles, arrivant à nous faire passer du rire aux larmes, d’un sourire affectueux à une joie triste en un instant, comme si les années qui nous séparent de l’âge tendre n’existaient plus. Et pour nous aider à adhérer à sa romance pas comme les autres, Martin-Laval inonde d’onirisme son scénario, préférant prendre le temps de poser chaque moment poétique et chacune des situations comiques plutôt que d’enchaîner les séquences à la va-vite pour faire passer le temps de sa quête, ce qui privilégie, bien entendu, l’effet sensitif escompté plutôt que l’effet d’une mise en scène. Et cette catharsis d’arriver à exister grâce à une pléthore de personnages, dans cet univers inclassable, intemporel et quasi fantasmagorique qui ne trouverait écho que dans le romantisme d’un Edward aux mains d’argent de Tim Burton ou dans la simplicité touchante de L'Eté de Kikujiro de Takeshi Kitano. Ce qui démontre encore une fois que malgré les apparences toujours joyeuses d’un réalisateur toujours souriant, d’un comique toujours décomplexé, d’un guignol toujours prêt à tout pour faire rire, se cache toujours un clown triste capable d’émouvoir n’importe quelle personne réceptive à ce genre d’émotion directe en mettant tout ce que possède son propre cœur dans son script.

DECROCHE LES ETOILES

Mais outre ses très belles qualités artistiques, la forme que se devait d’avoir cette ode savoureuse à l’enfance est belle et bien celle de s’enorgueillir d’un casting en adéquation totale avec le romantisme si suave de son histoire. Et afin de donner un corps à cette âme, on peut dire que Martin-Laval a eu plus que le nez creux pour aller au terme de son entreprise. Car qui aurait eu les épaules suffisamment larges pour endosser des rôles aussi atypiques et surtout ne pas dépareiller avec le décor? Nul autre que son auteur, en qui la part d’enfance est ancrée de façon irréductible. Et c’est bel et bien grâce à cette interprétation que la magie opère en bonne et due forme. Car on décèle très vite en Martin-Laval le fait que le cinéma est peut-être, pour lui, le moyen le plus concret de faire naître le Chaplin qui sommeille en son for intérieur. Et afin de compléter et d’assembler l’ensemble de l’œuvre, il fallait compter sur l’appui de comédiens chevronnés. Julie Depardieu, toute en justesse et pleine de responsabilités, ne demande finalement qu’à échapper à sa vie trop réglée et joue ainsi sur la corde sensible du principe de l’incertitude, face à un Kad Merad qui compose ici un beauf non méchant à qui tout échappe trop vite alors qu’il pense avoir la main mise sur une vie bien façonnée. Mais c’est surtout avec l’immense Pierre Richard que le film termine son envolée lyrique, offrant ce qu’il peut donner de plus beau à son personnage: l’affection. Affection d’un père gaffeur qui n’a quasiment plus que le bonheur de son fils comme pacemaker et qui utilisera tout les ressorts maladroits possibles pour que ce dernier arrive à ses fins. Bref, un excellent numéro de comédiens au service d’un récit aux relents doux-amers mais clairement passionnels. Et même si le dénouement de cette histoire paraît cousu de fil blanc, il est à noter que ce fil est de ceux dont on fait les reliures des couvertures de contes pour enfants.

par Christophe Chenallet

En savoir plus

Quelques liens :

Partenaires