Elsa et Fred
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Elsa y Fred
Espagne, 2006
De Marcos Carnevale
Scénario : Marcos Carnevale, Marcela Guerty, Lily Ann Martin
Avec : Manuel Alexandre, Roberto Carnaghi, Jose Angel Egido, Blanca Portillo, Gonzalo Urtizberéa, China Zorrilla
Durée : 1h50
Sortie : 20/12/2006
Elsa, qui prétend avoir 77 ans, est une vieille dame pleine de tempérament, qui ment comme elle respire. Fred, 78 ans, récent veuf et hypocondriaque convaincu, vient d’emménager dans l’appartement voisin. La vielle dame débarque comme une tornade dans sa vie et est bien décidée à passer le précieux temps qu’il lui reste en compagnie du nouvel homme de sa vie.
CARPE DIEM
Marcos Carnevale est un amoureux de La Dolce Vita, le célèbre film de Federico Fellini, depuis qu’il l’a vu pour la première fois à 14 ans. Notamment cette inoubliable scène entre Anita Ekberg et Marcello Mastroianni dans la fontaine de Trévi à Rome. Un remake du film n’étant pas envisageable, il a alors l’idée d’un rêve, celui d’une vie entière. Ce rêve c’est celui d’Elsa. Une vieille dame blonde qui cinquante ans plus tôt a du faire autant tourner les têtes que l’actrice suédoise pré-citée. Ce rêve de rejouer LA scène la suit depuis des années et même si elle en parle encore avec fougue, c’est aussi avec un soupçon d’amertume dans la voix et la photo extraite du film, accrochée sur le mur de son appartement, s’apparente chaque jour qui passe à un rêve qui s’éloigne inexorablement. Elsa a une âme de jeune fille dans le corps d’une femme mûre, avec son portable rose, sa conduite inconsciente, son insolence, son refus de se plier à quelque normes que ce soit, et ses innombrables mensonges afin d’arriver à ses fins. Lui résister tiendrait du miracle. C’est donc avec une réticence qui va fondre comme neige au soleil que Fred va finalement lui céder. Lui le vieil homme timide et hypocondriaque va entrer dans une folle farandole qui, à défaut de lui faire retrouver ses vingt ans, va donner un second souffle à sa vie.
Elsa et Fred connaît un problème de rythme au début. En effet, la nécessaire entrée en matière des personnages étant trop pleine de bruit et de fureur, c’est seulement quand Elsa et Fred se sont apprivoisés et que leur histoire débute que le film prend tout son intérêt. C’est lorsque le spectateur découvre la motivation derrière l’appétit de vivre d’Elsa que son regard change. Le message est clair: tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Qu’importe que le compteur des années soit déjà bien avancé, la vie est ici, maintenant, et chaque jour qui passe est riche d’occasions à saisir et savourer jusqu’à la lie. Rien ne sert d’attendre le bonheur, il faut le provoquer, se mettre en danger - comme par exemple aller dans le restaurant le plus cher de la ville et partir sans payer, ne jamais cesser de croire en ses rêves, ne pas avoir de regrets mais aussi et surtout ne pas laisser la peur de vivre, ou celle de mourir, se mettre en travers du chemin. Ce message, Marcos Carnevale le fait passer grâce à deux personnages principaux, pour lesquels il développe une infinie tendresse. Difficile de ne pas se laisser emporter et éclater d’un rire généreux face aux excentricités provoquées par Elsa, difficile de ne pas se laisser submerger par l’émotion quand Fred, gagné par la folie douce de sa compagne, décide de la surprendre. Impossible, une fois le film terminé, de ne pas avoir envie de profiter du jour.
