Effroyables jardins

Effroyables jardins
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Dans les années 1960, Lucien ne supporte plus de voir son père faire le clown, au sens propre du terme, à l’occasion de la fête du village. Constatant ce dépit, André, le meilleur ami de son paternel, lui raconte l’aventure qu’ils ont vécu ensemble pendant la seconde guerre mondiale. Dans la France provinciale occupée par l’armée allemande, ils ne supportaient plus d’être des spectateurs passifs des hauts faits de résistance, et avaient ainsi décidé de dynamiter un poste d’aiguillage…

Adaptation d’un roman de Michel Quint, le dernier long métrage du vétéran Jean Becker, Effroyables Jardins est un bel exemple de cinéma dit "de papa". Un cinéma fort sympathique, plein de bons sentiments, nonobstant la puissante odeur de naphtaline émise. De la part de Jean Becker, cinéaste qui a fait de la nostalgie d’une France profonde et idéalisée son fond de commerce, l’absence de modernité du fond comme de la forme ne choque bien entendu pas. Il s’agit d’ailleurs probablement du dernier représentant en exercice d’une certaine forme de cinéma pré-nouvelle vague, celui dit de "qualité française". Ainsi, d’un point de vue archéologique, Effroyables Jardins ne manque pas d’intérêt. D’un point de vue cinématographique, on se permettra de porter certaines réserves. La fin du film, avec le changement d’attitude du fils particulièrement marqué, les illustre par son inanité assez confondante.

Cette impression est malheureusement renforcée par le jeu des acteurs, qu’on aime pourtant bien. Surjouant à la limite du cabotinage, ils donnent l’impression que leurs personnages sont des caricatures de rôles passés. Il est vrai que le duo formé par Jacques Villeret et André Dussollier avait déjà travaillé avec Jean Becker à deux reprises, tout comme Suzanne Flon, inoubliable dans L’Eté meurtrier. Tout cela donne l’impression de se retrouver devant un film familial, avec des artistes qui s’apprécient et qui sont contents d’être là. Mais cela renforce surtout le côté pantouflard du spectacle. Néanmoins, doté d’une intrigue finalement très minimaliste (le livre de Michel Quint est très court), le film n’en réserve pas moins quelques moments de poésie réussis. Et puis, les divertissements familiaux exempts de cynisme sont désormais devenus tellement rares qu’il ne faut pas considérer la bonne volonté de Jean Becker avec trop de mépris.

par Yannick Vély

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