Festival de Gérardmer: Eat

Festival de Gérardmer: Eat
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Eat
États-Unis, 2014
De Jimmy Weber
Scénario : Jimmy Weber
Durée : 1h33
Note FilmDeCulte : ****--
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Novella McClure est dans la même situation que la plupart des jeunes comédiennes qui veulent percer à Hollywood : elle vient de dépasser la trentaine, son nom d’artiste n’est plus trop dans le coup, et elle n’a pas décroché un rôle depuis trois ans. L’argent hérité de son père, mort tragiquement lorsqu’elle était petite, lui a permis de tenir jusque-là, mais cet argent commence à manquer. La manie qu’a Novella de se ronger furieusement les ongles quand elle est stressée et sous pression peut alors devenir bien dangereuse pour elle…

BELLE A CROQUER

Comme les starlettes incarnées par Naomi Watts dans Mulholland Drive et Lindsay Lohan dans The Canyons, comme les stars déchues jouées plus tôt par Gloria Swanson dans Boulevard du crépuscule ou Bette Davis dans Qu'est-il arrivé à Baby Jane, Novella McClure, héroïne de Eat, est une recalée de Sunset Boulevard. Pour son premier long métrage, l'Américain Jimmy Weber s'intéresse au triste sort d'une aspirante actrice qui, entamant la trentaine, n'a plus l'âge indiqué sur son CV qu'elle trimballe lors d'auditions miteuses. Le plus grand fait d'armes de Novella semble être une pub pour Budweiser et la jeune femme, de son pseudo d'actrice porno à son look girly rose et blond peroxydé, semble avoir tout faux. Dans le registre fauché crapoto, Eat n'a évidemment pas la même ambition artistique que les films de Lynch, Wilder ou Aldrich, mais son décor est propice au grand huit narratif: rêves de gloire et déchéance, couleurs pastel et Hollywood brisé.

Plus que le drame psychologique parfois aux portes du fantastique des films précités, Weber choisit le gore qui tache. Car on a beau se peindre minutieusement les ongles de vernis dans Eat, son histoire d’échec artistique et social est violente. Julianne Moore côtoyait les fantômes dans Maps to the Stars, Meggie Maddock, convaincante dans un rôle risqué, dérape de manière plus sanglante. Les moyens semblent modestes sur Eat, Weber a l’humilité de tremper son drame dans le bis sans perdre de vue ce qu’il raconte. Cet anti-Dans ma peau à héroïne anthropophage joue évidemment sur un autre registre, où se mêlent influences du cartoon, du rape & revenge et du soap opera. Le mauvais goût de Eat est un bon mauvais goût, et après un virage cheesy qui fait craindre l’effondrement, la cruauté reprend les commandes jusqu’à un finale graphique à la fois culotté et décomplexé.

par Nicolas Bardot

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