Du Mali au Mississippi

Du Mali au Mississippi
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Du Mali au Mississippi
Feel Like Going Home
États-Unis, 2003
De Martin Scorsese
Scénario : Ahn Sang-Hoon
Avec : Ali Farka Touré, Corey Harris, Salif Keita, Otha Turner
Durée : 1h17
Sortie : 24/03/2004
Note FilmDeCulte : *****-

Accompagné par Corey Harris, Martin Scorsese nous emmène dans un voyage des rives du Mississippi jusqu’au bord du fleuve Niger. Plus qu’une expédition, la quête de l’âme du blues et ses influences.

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON

L’importance qu’a accordé Martin Scorsese à la musique dans ses films n’est pas fortuite. Imprégné depuis l’adolescence, le réalisateur de Taxi Driver l’a très tôt incluse dans son propre cheminement créatif. D’abord dans la captation du mythique Woodstock en 1969, puis dans New York, New York en 1977 avec Liza Minelli. N’étant pas non plus étranger à l’univers du documentaire musical – il avait déjà réalisé The Last Waltz l’année suivante –, il était difficile d’imaginer un homme plus qualifié pour produire la série de documentaires sur le blues. Du Mali au Mississippi a été réalisé par le Maître et met à jour les ponts perdus et invisibles jetés au-dessus de l’Atlantique, depuis l’âme africaine apportée par bateaux lors des sombres heures de l’esclavage, jusqu’au delta du bayou. Comme une mémoire longtemps enfouie, les vestiges de l’héritage africain sont retrouvés au travers du voyage de Corey Harris, musicien, bluesman et linguiste émérite. Son parcours édifie la ligne nerveuse du documentaire, passant de musiciens en cultures, de lieux en époques. La curiosité et l’érudition de Harris – sa fonction d’universitaire jouant pour lui – deviennent l’éclairage révélant certains aspects méconnus du blues (on pensera notamment à cette musique de flûtes et de percussions).

THE ROOTS

Si le voyage de Correy Harris commence dans le pays où il est né, il ne tardera pas à s’envoler pour retrouver ses racines. Avec lui, Du Mali au Mississippi décolle enfin. D’une première partie presque trop classique où le musicien rend visite à quelques gloires passées du blues, on retiendra surtout les jam session. Fougueuses et enlevées, elles donnent les empreintes musicales du film. Le reste n’est qu’un montage fonctionnel d’entretiens et de réflexions diverses qui, fautes d’êtres inédites n’en sont pas moins intéressantes. Une fois arrivé au Mali, Harris ouvre une nouvelle dimension. Sur ces terres se trouve le secret du blues, ce mal être lié à l’exil forcé, cette marque emportée par les esclaves, comme une figure identitaire. Mieux encore, grâce à des rencontres variées comme celle de Salif Keita – dont un morceau fut remarqué dans l’extraordinaire Ali de Michael Mann – Scorsese et Harris soulignent l’universalité de la musique. Celle qui transgresse l’espace et les mémoires. Dans la même tonalité que la culture griotte – une sorte de troubadour de l’Afrique de l’Ouest – le blues parvient à se fondre dans les mélodies africaines quand ils sont joués ensemble. Le Mali et le Mississippi reliés par un mariage de la nature.

par Nicolas Plaire

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