Douches froides

Douches froides
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Douches froides
France, 2005
De Antony Cordier
Scénario : Antony Cordier, Julie Peyr
Avec : Jean-Philippe Ecoffey, Johan Libereau, Pierre Perrier, Aurélien Recoing, Salomé Stévenin
Durée : 1h42
Sortie : 22/06/2005
Note FilmDeCulte : *****-

FESTIVAL DE CANNES 2005 - Un jeune garçon de 17 ans apprend à éviter les douches froides, entre défis sportifs et frisson amoureux, complications familiales et printemps du bac.

MEET ZE MONSTA TONIGHT

Le faire-part est sans équivoque: les premiers instants de Douches froides invitent à rencontrer le monstre et sa grande mousson noire, la bête évadée d'une chanson de PJ Harvey que l'on dissèque en classe d'anglais. Sous ses habits naïfs et acidulés, le premier film d'Antony Cordier confronte un adolescent à ses premières gifles, ses échecs sanguins, ceux qui, hier, dans son cocon, lui étaient encore inconnus. Autant de montagnes à franchir avec un pédalier cassé. Perdre huit kilos pour changer de catégorie dans une compétition sportive, assister à la naissance d'un poison jaloux dans une histoire d'amour encore vierge de troubles. Réviser pour le bac, ne pas confondre la Chine et les Etats-Unis, vivre à la lumière des bougies à la maison lorsque les factures sont un peu trop lourdes. Et éliminer la graisse, l'eau en trop, pour slalomer entre les douches glacées qui fouettent une peau lisse et tendre, et échapper au monstre, celui des poèmes dits entre les quatre murs de la classe, mais qui semble surveiller le jeune héros à chaque coin de rue, sur chacune de ses épaules.

GRANDE ECOLE

Devant une telle accumulation de difficultés, Douches froides aurait pu plonger dans un bouillon noir de surenchère. Il n'en est rien: le film est pétri de petits défauts de débutant, mais autant de carences qui rendent plus attachant ce portrait candide, cette peinture d'un apprentissage et de ses errances. L'épure de l'ensemble (la mise en scène, les dialogues, l'interprétation) sert ce sentiment de fraîcheur, un film à fleur de peau où les sentiments sont jetés en vrac sur le tatami ou dans les vestiaires - on s'y bastonne entièrement nu, puis on s'y rince des coups reçus. Lorsque les combats s'achèvent, l'endroit sert de rendez vous charnel entre Mikaël, Vanessa, sa copine, et Clément, l'un de ses partenaires d'équipe de judo. Une parenthèse sensuelle qui achève l'utopie sentimentale, l'idéalisme irraisonné, fait grouiller les envies de révolte et de mains dans la figure. Pas réellement de happy end, juste une roue voilée avec laquelle il faut apprendre à avancer. Rencontrer ses démons et les surpasser, dans une histoire simple et juste où l'on ne s'échine pas à faire d'un enchaînement de lose un chemin de gagnant - simplement un instantané, la chronique d'une déception, le regard mais surtout les poings fermés.

par Nicolas Bardot

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