Diane a les épaules

Diane a les épaules
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Diane a les épaules
France, 2017
De Fabien Gorgeart
Avec : Clotilde Hesme
Durée : 1h27
Sortie : 15/11/2017
Note FilmDeCulte : ****--
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Alors que Diane porte le futur enfant de ses amis Jacques et Thomas, elle rencontre et tombe amoureuse de Fabrizio.

FILLE FACILE

Diane est enceinte, mais l’enfant qu’elle porte n’est pas pour elle. "Et donc ?" lui demande-ton, comme si la situation nécessitait une explication publique. "Et donc rien" répond-elle d'un sourire, c'est pour elle tellement simple que ce n’est même pas un sujet de conversation. Ça tombe bien: contrairement aux apparences, la gestation pour autrui n’est pas vraiment le sujet du film non plus. Diane a les épaules n'élude pas le sujet, mais n'est pas un film à thèse militant, les enjeux sont ailleurs. Diane se retrouve volontairement dans une drôle de situation, et elle est elle-même une drôle de fille. Légère et imprévisible, prête à apprendre le kung-fu sur un coup de tête. Elle est d'ailleurs presque un fantasme de fille à pédés, frôlant parfois les clichés de la fofolle attachante, mais Clothilde Hesme fait toujours retomber le personnage sur ses pattes, avec charisme et finesse.

Alors que l’enfant est destiné à un couple d’amis gay, Diane tombe amoureuse d'un nouveau voisin. Cette situation de départ pourrait donner lieu à tous les psychodrames possibles. Le film évite au contraire les fantasmes et la psychologie de comptoir. Et donc? Et donc rien: Diane nous l’avait dit, et le film nous le confirme: Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Diane a les épaules ne propose pas une mise en scène particulièrement novatrice, et se contente un peu d’illustrer son scenario. Or la bonne nouvelle, c’est que le scénario ne se contente pas d’illustrer son sujet. On pourrait souhaiter que le film fasse passer en douce quelques idées plus radicales, et il est tentant d’espérer qu'il colle à l’urgence du débat social. Mais le film est subversif à sa manière: précisément en faisant de ces idées-là des non-événements, à la fois pour les personnages (le nouveau fiancé n’y trouve pas grand chose à redire) et pour nous. On peut également considérer que, vu le contexte généralement homophobe de la comédie française, c’est déjà une grande qualité que le sujets soient abordes avec respect. Mieux, que ces sujets ne soient intégrés pas seulement dans un drame réaliste mais dans une comédie. Pas une farce grasse mais disons un drame farfelu. A ce titre, Diane a les épaules est un peu l'antidote à toutes ces comédies françaises qui n'arrivent pas à rire autour de l'homosexualité sans l'insulter au passage.

Le dernier tiers du film cherche un peu plus directement à devenir émouvant. Il y arrive, mais au prix d’une pirouette périlleuse. On craint que l’héroïne ne soit finalement punie pour sa liberté (de corps, de penser). Elle-même se l'avoue finalement a voix haute: "Si j’étais sérieuse, je n’en serais pas là". Et pendant un temps, le personnage le plus clairvoyant semble être... le seul mec hétéro de l'histoire. Hum. Il faut être patient, et attendre la toute dernière scène pour que le film retombe là encore sur ses pattes en tordant le coup à cet arc de rédemption redouté. Tout grand public qu’il soit, Diane a les épaules n'est pas moraliste, ouf. L'air de rien, tout doucement, le message subversif persiste, sans leçons données. "Et donc? Et donc rien"... et tant mieux.

par Gregory Coutaut

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