De rouille et d'os

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Ça commence dans le Nord. Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau. A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose. Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant: elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions. Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.

CECI EST MON CORPS

On a beaucoup parlé de virtuosité au sujet du cinéma de Jacques Audiard, depuis la révélation Regarde les hommes tomber, jusqu'a son récent Un Prophète qui avait electrisé la compétition il y a trois ans. Fluidité scénaristique et de mise en scène, et surtout direction d'acteurs hors-pair, autant de qualités que l'on retouve à première vue, comme dans un best-of, dans De rouille et d'os. Mais l'addition de qualités - lumière, musique, cadrages...- suffit-t-elle toujours à faire un excellent film? A force de "virtuosité" justement, ce dernier long-métrage finit avant tout par avoir l'air extremement appliqué, et on aurait préféré lui trouver des qualités plus flagrantes.De rouille et d'os donne en effet l'impression d'un savoir-faire (certes tout à fait respectable) exposé artificiellement, comme si on nous faisait faire le tour du propriétaire avant même de nous raconter une histoire.

Qu'est ce qui cloche alors ? Il n'y a pas loin à creuser pour percevoir l'incroyable potentiel mélodramatique de cette rencontre décalée entre une handicapée chafouine et un bon Samaritain fou de son corps (pour un peu on dirait du Almodovar!). Or le problème ne vient pas uniquement du fait que le mélo soit peu à peu remplacé par un film social-réaliste sur les injustices sociales (tout le pan narratif concernant les personnages de Bouli Lanners ou Corinne Masiero), mais que celui-ci se révèle dès le début trop faible pour faire tenir le film entier. Les personnages principaux sont en effet ici hyper-vraisemblables (on sent qu'un grand soin y est apporté, comme à chaque élément du scènario), mais jamais crédibles, jamais vivants. Malgré leurs interprètes, ces deux antihéros ne dépassent jamais l'épaisseur d'une note d'intention : plats, fictifs, de simples prétextes. Un défaut simple mais crucial pour l'équilibre du film entier, car le mélo repose avant tout sur la croyance du spectateur. C'est aussi, surtout, ce qui rend le film si froid, si curieusement arificel : chaque effet de lumière, chaque chanson à la mode dans la BO viennent rajouter de la distance entre les spectateurs et les personnages. Quant à la volonté initiale d'éviter tous les clichés sur les personnages handicapés, elle laisse finalement place à un cliché tout aussi usant : celui d'un couple improbable, où ce qui arrive à l'un sert de leçon à l'autre et vice-verca.

par Gregory Coutaut

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