Darkness

Darkness
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Darkness
Darkness
Espagne, 2003
De Jaume Balagueró
Scénario : Jaume Balagueró, Fernando de Felipe
Avec : Giancarlo Giannini, Iain Glen, Fele Martínez, Lena Olin, Anna Paquin
Durée : 1h42
Sortie : 18/06/2003
Note FilmDeCulte : ****--

Une famille s’installe dans une maison qui abrite un passé abominable. Regina remarque le comportement de plus en plus tendu de son père, atteint d’une maladie nerveuse. Elle découvre aussi que son petit frère porte des traces de coups et craint de rester seul dans la pénombre.

En 1999, La Secte sans nom, premier film de l’Espagnol Jaume Balagueró, était un étonnant polar particulièrement déprimant, et sans concession. Une femme partait à la recherche de sa fille qu’elle croyait morte, aidée en cela par un flic très imprudent. Produit par Brian Yuzna (Re-Animator 2 en 1990, Le Retour des morts-vivants 3 en 1993, Faust en 2000), et tourné cette fois-ci en anglais, le deuxième long-métrage de Balagueró est nettement moins original. On retrouve certains éléments présents dans le précédent: une secte mystérieuse, des enlèvements d’enfants, la maltraitance enfantine, la sobriété des effets chocs, et enfin un final pessimiste au possible. Le nouvel apport, c’est la présence du surnaturel comme toile de fond. En regardant Darkness, de nombreuses références cinématographiques viennent à l’esprit: Les Autres (Alejandro Amenabar, 2001), Amityville (Stuart Rosenberg, 1979), La Maison du Diable (Robert Wise, 1963), L’Exorciste 3 (William Peter Blatty, 1990), Shining (Stanley Kubrick, 1979). La première impression est d’observer un salmigondis de scènes déjà vues des centaines de fois. Une maison hantée, un père de famille possédé, un petit garçon terrorisé par des êtres dont il est le seul à sentir la présence. Pourtant, vers le dernier tiers du récit, l’habileté du réalisateur réserve des rebondissements inattendus, ce qui élève Darkness au dessus de nombreux films fantastiques américains.

Les personnages ne brillent pas par leur originalité, mais la conviction des acteurs empêche Darkness de trop sombrer dans les clichés. Anna Paquin, la Malicia de X-Men (2000) et X-Men 2 (Bryan Singer, 2003), se taille la part de la lionne dans le film de Jaume Balagueró. Elle interprète la jeune femme qui comprend que ses parents et son frère sont en danger dans leur nouvelle demeure. Toute l’intrigue gravite autour d’elle, et c’est un vrai plaisir de la voir à l’écran. En revanche, Fele Martínez, surtout connu pour avoir joué dans les films d’Alejandro Amenabar, Tesis (1996) et Ouvre les yeux (1997), ainsi que dans le très réussi Capitaines d’Avril (Maria de Medeiros, 2000), hérite d’un rôle ultra-conventionnel de petit ami. Un peu sacrifié aussi est le rôle tenu par Lena Olin, une des actrices de L’Insoutenable légèreté de l’être (Philip Kaufman, 1988). Dans Darkness, Olin est une mère de famille débordée par son travail, qui soutient mordicus que rien d’alarmant ne se passe dans son nouveau foyer, et reste larguée jusqu’à l’extrême fin du film.

Comme dans tous les films d’épouvante, les protagonistes ont un comportement idiot qui permet à l’histoire d’avancer. C’était déjà le cas dans La Secte sans nom, il en va de même dans Darkness. Par exemple, Regina (Anna Paquin), qui sait que la menace rôde dans la maison, n’hésite pas à y dormir seule. Carlos (Fele Martínez), quant à lui, vole au secours de sa petite amie, et se fait neutraliser comme un bleu. Autre bémol, certains éléments de l’histoire restent inexpliqués. Ainsi, on ne sait pas qui étaient les hideuses rombières sur la photo qui avait tant d’importance pour le père de Regina, ni ce qui est arrivé aux différents individus ayant commandé la construction de la bâtisse. Si Darkness est loin d’être un chef-d’œuvre, ce n’est pas non plus un mauvais film, il distille une ambiance inquiétante très réussie, certainement moins malsaine que celle de La Secte sans nom. Comme son nom l’indique, le nouveau long-métrage de Jaume Balagueró est à dominante nocturne, les rares sources de lumière deviennent vitales pour les malheureux membres de la famille de Regina. Ce qui se trouve dans le noir justifie amplement leur effroi.

par Yannick Vély

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