Con la pata quebrada

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Con la pata quebrada
Espagne, 2013
De Diego Galan
Durée : 1h23
Sortie : 18/06/2014
Note FilmDeCulte : ***---
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La femme vue par le cinéma espagnol, depuis les années 30 jusqu'à nos jours, à travers pas moins de 180 fragments de films. Une manière de revisiter aussi l'histoire de l'Espagne.

TOUT SUR NOS MERES

Le documentaire Con la pata quebrada (en français : Retourne à tes fourneaux, tout un programme), revient sur l’histoire du cinéma espagnol, et donc sur l’histoire de la société, à travers le prisme de ses personnages féminins et de leur évolution. Mais peut-être faudrait-il dire que le film parle d’abord de la société puis du cinéma, qui passe paradoxalement au second plan. Il n’y a pourtant rien d’autre ici que des extraits de films, certains récents mais surtout beaucoup d’anciens. Mais le réalisateur Diego Galàn suit un fil rouge autre que celui de The Story of Children and film, où le traitement était thématique. Cela le contraint en quelque sorte à suivre le fil « objectif » de l’histoire plutôt que de raconter l’évolution du cinéma avec ses éventuels détours et retours en arrière. Mais après tout la société espagnole est elle aussi repartie en arrière : les femmes ont successivement gagné puis perdu puis à nouveau regagné leurs droits fondamentaux (vote, divorce, avortement) avec la guerre civile, l’arrivée au pouvoir de Franco puis la mort de ce dernier.

A chaque séquence correspond une étape dans l’évolution de ces droits civiques et une série d’extraits qui viennent l’illustrer. Certains extraits sont proprement hilarants, et le plus souvent malgré eux : bonnes sœurs exaltées recevant le message de Jésus par rayon laser, femme au foyer découvrant sa nouvelle cuisine comme le plus beau cadeau de sa vie, adolescente fautive à qui sa mère demande « mais il te l’a mise ? Vraiment en entier ? », scènes de douches à foison pour contourner la censure (qui autorisa la nudité à condition qu’elle soit clairement exigée par le scénario)… nombreux sont les exemples de films écrits et réalisés par des papys misogynes, des films reproduisant les schémas classiques d’oppression des femmes, qui sont bien évidemment responsables de leur propre perte : trop belles, trop intelligentes, trop bavardes, trop féministes, etc. En dehors de l’honnête mère de famille franquiste, point de salut. Les commentaires de Galàn en off restent le plus souvent amusés, et de fait, on rit souvent beaucoup, mais ils pourraient être plus cinglants tant la pilule est parfois amère.

Quid d'Almodovar ? Sur un tel sujet, on s’attendrait à ce qu’une partie imposante du documentaire soit consacré au cinéaste qui a tellement filmé les femmes dans tous les sens (même si aux yeux de l’auteur de ce texte, c’était plutôt pour parler des hommes en filigrane, mais c’est un autre sujet). Ben non. Con la pata quebrada a beau être produit par son frère Agustin, son nom est à peine prononcé. Si l’on retrouve des extraits de certains de ses premiers films, ses thématiques sont à peine abordées. De manière générale, le documentaire passe très vite sur le traitement au second degré de la femme, sur l’humour et le détournement des clichés. L’autre grande lacune du film, c’est l’absence totale du moindre mot sur des réalisatrices. Des silences bien déconcertants, comme si le seul sujet du film, c’était finalement le machisme et non les femmes.

par Gregory Coutaut

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