Cette femme-la

Cette femme-la
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Cette femme-la
France, 2003
De Guillaume Nicloux
Scénario : Guillaume Nicloux
Avec : Josiane Balasko, Eric Caravaca, Aurélien Recoing
Durée : 1h40
Sortie : 15/10/2003
Note FilmDeCulte : ****--

Michèle Varin traîne sa dépression sur le terrain de ses enquêtes. Aujourd’hui, une suicidée qui se perd dans la psyché d’une femme flic hantée tous les 4 ans par un souvenir qui lui glace les entrailles…

DREAMS ARE MY REALITY

Après Le Poulpe ou Une Affaire privée, Guillaume Nicloux semble se spécialiser dans le polar tendance ténébreux. Appétance semi-confirmée par son nouveau long-métrage au titre aussi brouillardeux que cristallin: Cette femme-là. Le drame de cette femme-là n’est peut-être plus le polar terrien, celui qui s’enlise dans les boues de bois plongés dans les ténèbres, mais le fantastique aérien, atmosphérique et impalpable. Nicloux s’attarde sur ses décors vides, ses paysages désolés, son monde qui est celui de Michèle, perdue dans les limbes, voisine des fantômes. Morte-vivante atone, Josiane Balasko épouse son personnage comme une seconde peau et laisse filtrer sa symphonie neurasthénique comme un robinet qui goutte, comme des larmes qui coulent sans que les yeux ne s’en soucient. La réalité s’efface au profit des rêves, ou plutôt des cauchemars, qui façonnent le jour dans les coins sombres des nuits, où les pièces s’assemblent comme sur les puzzles que Michèle édifie lorsque le soleil meurt. Les ténèbres et les frissons du polar, certes, mais avec cette incertitude inhérente au fantastique, ce trouble qui situe le film dans l’entre-deux genres. L’efficacité est en tout cas d’une bonne tessiture, Cette femme-là réservant, d’un genre à l’autre, ses moments purement flippants.

PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS

Dans sa tentative de tango entre genres ténébreusement voisins, Nicloux glisse peu à peu vers le conte. Sa forêt hantée, ses souliers rouges, ses enfants perdus, ses loups aux effrayants visages, le réalisateur-scénariste laisse percer l’imagerie classique au cœur de l’horreur quotidienne d’un personnage qui la cotoie de manière indifférente. Michèle n’avance plus et en vient à régresser, accrochée à ses jeux comme à son lapin plus qu’à sa vie de femme. Varin se cherche avec les hommes, se présente nue comme en quête de virginité, et retrouve son souffle en fermant les yeux lors de ses séances de yoga. Nicloux suit son cheminement, et comme dans Une Affaire privée, c’est avant tout l’évolution de sa figure centrale dans une atmosphère décrivant le cœur de son personnage qui l’intéresse. La Michèle qui s’éveillera (ou pas) à un jour nouveau, et une identité neuve. Outre une interprétation sans faille, Nicloux fait part d’un savoir-faire formel de plus en plus affirmé, et d’une propension à installer une atmosphère cotonneuse des plus affinées. Sa quête de soi patine légèrement d’un point de vue scénaristique dans sa dernière bobine, mais le halo noir éthéré ne quitte que passagèrement le film. Cette femme-là, désignée du bout du doigt dans un décor nébuleux, gagne son droit à être, trouve un nom et une réponse à ses questions. Voilà jusqu’ici le plus beau voyage auquel nous ait convié Nicloux, bien embarqué grâce à sa meneuse tout terrain.

par Nicolas Bardot

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