Canine

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Canine
Kynodontas
Grèce, 2009
De Yorgos Lanthimos
Scénario : Yorgos Lanthimos
Avec : Anna Kalaitzidou, Aggeliki Papoulia, Hristos Passalis, Christos Stergioglou, Mary Tsoni, Michelle Valley
Photo : Thimios Bakatatakis
Durée : 1h34
Sortie : 02/12/2009
Note FilmDeCulte : *****-
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Le père, la mère et leurs trois enfants vivent dans les faubourgs d'une ville. Leur maison est bordée d'une haute clôture. Les enfants n'ont jamais franchi la clôture. Leur éducation, leurs loisirs, leurs amusements, leur ennui, leur entraînement physique se conforment au modèle imposé par les parents, en l'absence de toute empreinte du monde extérieur. Les enfants pensent que les avions qui volent au-dessus de la maison sont des jouets et les zombies, des petites fleurs jaunes. Une seule personne a le droit de s'introduire chez eux : Christina, qui travaille comme agent de sécurité dans l'usine du père.

LE MONDE PERDU

Petite sensation du dernier Festival de Cannes où il a récolté le prix Un Certain Regard, Canine, fable sociale au bord du fantastique, pourrait être un mix de Home (la bulle claustrophobe d'Ursula Meier, pas l'économiseur d'écran de Yann Arthus-Bertrand) et du Village de Shyamalan, avec un Ulrich Seidl grec en chef d'orchestre. Drôle de mélange pour un résultat insolite qui brouille les pistes. Le décalage comique, les codes de conte, l'atmosphère parfois assez douce, cette façon d'aborder les scènes de sexe, Canine déjoue sans cesse les attentes et ne se complait jamais dans son dispositif. La folie est partout mais elle n'est qu'un basculement, un mot pour un autre dans un monde artificiel qui a son propre vocabulaire (la salière est un téléphone, le zombie est un pissenlit, le chat est un dragon), et le système éducatif rêvé par un père frappadingue fait de sa progéniture, pourtant plus du tout en âge des culottes courtes, des enfants éternels. Aucune conscience du mal ou du danger, de l'eau brûlante aux lames de couteau, juste celle de l'extérieur, hantise de l'autre et de l'invisible qui gravite autour du cocon familial. Au bord de la piscine ensoleillée, les choses ne paraissent pas si monstrueuses que ça.

Pourtant, peu à peu, par instants fugaces, la belle façade se fissure. Le visage de la mère qui laisse échapper quelques larmes, ou une danse de l'aînée qui se transforme en transe dérangeante. On ne sait s'il faut rire ou pleurer, comme la jeune femme plantée devant son miroir, éclaboussée de sang. Encore une fois, Canine brouille les cartes en refusant la conclusion attendue. Le silence comme le secret gardent le dessus, seulement troublés par le bruit des avions dans le ciel, qui, comme le dit papa, ne sont que des joujoux en plastique qui tombent dans le jardin.

par Nicolas Bardot

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