Blair Witch

Blair Witch
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Blair Witch
États-Unis, 2016
De Adam Wingard
Durée : 1h29
Sortie : 21/09/2016
Note FilmDeCulte : *-----
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James et un groupe d'amis décident de s'aventurer dans la forêt de Black Hills dans le Maryland, afin d'élucider les mystères autour de la disparition en 1994 de sa sœur, que beaucoup croient liée à la légende de Blair Witch. Au départ, les jeunes étudiants s'estiment chanceux en tombant sur deux personnes de la région qui leur proposent de les guider à travers les bois sombres et sinueux. Mais tandis qu'ils s'enfoncent dans la nuit, le groupe est assailli par une présence menaçante. Peu à peu, ils commencent à comprendre que la légende est bien réelle et bien plus terrifiante que ce qu'ils pouvaient imaginer...

CONCON LA PETITE SORCIÈRE

L'été 1999, Le Projet Blair Witch avait créé la surprise. Pas seulement parce que personne n'avait vu venir ce long métrage qu'une habile promotion avait tenté de faire passer pour un documentaire réel, mais aussi parce qu'un énorme succès commercial est venu couronner une production au dispositif radical. Car quoi qu'on pense du film d'horreur de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, sa radicalité est assumée avec un vrai panache : l'image est brute comme l'exige le projet, la quasi-intégralité de l'horreur joue sur le hors champ (prenant le risque de perdre une partie du public en mode « il ne se passe rien ») et son casting est à la fois inconnu et crédible. On espérait qu'une nouvelle personnalité du cinéma de genre comme Adam Wingard (You're Next) allait apporter quelque chose à ce remake déguisé en suite – l'échec est total.

Blair Witch est centré sur le petit frère d'Heather, persuadé qu'il peut retrouver sa sœur, disparue dans le film initial. On énumère ensuite les légendes urbaines liées au lieu : Blair Witch a conscience de s'inscrire dans la lignée d'un premier film dont on parle un peu comme d'une « légende urbaine » aujourd'hui. Sauf que ce nouveau film détruit méthodiquement tout ce qui permettait de se projeter dans le faux-documentaire d'époque. Dans une très large première partie, l'image est régulièrement plus lisse, plus confortable. Le casting féminin semble intégralement issu d'un girl band - prêtez l'oreille, vous entendrez le générique de Berverly Hills à chaque fois qu'elles se retourneront face à la caméra. Wingard a même pris soin d'ajouter quelques petites touches de blagues ironiques-cool en forme de clin d’œil au public. Du procédé radical original il ne reste qu'une volonté de plaire au plus grand nombre, de séduire à tout prix en lissant au maximum : le consommateur doit être satisfait par l'achat de son produit.

Un peu à l'image du récent remake abyssal de Evil Dead, la seule chose que semble pouvoir proposer cette suite est une montagne de surenchère. Plus de personnages, plus de caméras, et lorsque la sorcière est colère, elle accroche plus de grigris vaudous aux branches (selon une équation horrifique terrassante d'esprit, suggérant que davantage de grigris équivaudrait à davantage de peur). C'est un contresens : sans exiger une reproduction du film original, celui-ci fonctionnait par son refus du spectaculaire. Par une progression dramatique faisant appel à l'imaginaire, à ce qu'on pressent mais qu'on ne voit pas. Ceci est totalement ignoré par Blair Witch qui, une fois l'introduction passée, n'est qu'un long hurlement hystérique entrecoupé de larsens géants et bruits d'orage. C'est ce genre de films d'horreur où, lorsque les personnages sont séparés, ils se retrouvent en se jetant les uns sur les autres pour créer un jump scare. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois...

Cette approche bêtasse est aggravée par de multiples pistes qui jouent la montre mais sont à peine exploitées (notamment la séquence du tunnel, où l'on se contente de patauger dans la gadoue, la gadoue), des choix esthétiques discutables (on verra la sorcière, et – cancer de notre époque – elle sera trop badass) et autres stupidités (devant vos yeux ébahis, un personnage à la jambe purulente va se mettre à faire de l'escalade). Le dénouement est certes plus efficace mais si votre système nerveux ne réagit pas lorsque, plongé dans le noir, on vous assène du jump scare au marteau-pilon, c'est peut-être que vous êtes mort. L'horreur de Blair Witch fait partie de celles qui ne marchent qu'aux ruptures sonores. Le résultat ressemble au mieux à ces attractions labyrinthiques façon maisons hantées où des figurants vous sautent dessus pour vous faire sursauter, au pire à un catalogue complet de ce qui ne fonctionne pas dans l'horreur industrielle. Cela suffit-il pour une sortie fun ? A l'ombre d'un film devenu culte, Blair Witch ne propose en tout cas rien qui ne soit pas anecdotique.

par Nicolas Bardot

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