Beyond the Black Rainbow

Beyond the Black Rainbow
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Beyond the Black Rainbow
Canada, 2011
De Panos Cosmatos
Scénario : Panos Cosmatos
Durée : 1h49
Note FilmDeCulte : *****-
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Au début des années 80, la tentative d’évasion désespérée d’une jeune femme séquestrée derrière une vitre dans un laboratoire expérimental, et surveillée par le mystérieux docteur Barry Nyle.

RAINBOW STAR

Il y a le revival 80's, celui qui consiste à voir Muriel Dacq et Julie Piétri chanter chez Daniela Lumbroso ou à se moquer des vestes trop grandes des membres de Partenaire Particulier, de Début de soirée, ou des deux à la fois. Mais au-delà de cette exploitation de la nostalgie en tubes (ou en fringues, peu importe), il y a une autre forme de nostalgie des années 80 qui s'est emparée du cinéma ces dernières années. Lorsque le réalisateur américain Ti West signe The House of the Devil, le film n'est pas qu'un clin d’œil nostalgique à la période reine des laques et des couleurs flashy, mais un magistral exercice de style et de recréation totale (dans la texture de l'image, les typo, les accessoires, etc) qui fait presque de House... un "film des années 80" (le long métrage a d'ailleurs été édité en VHS). Autre exemple: lorsque Nicolas Winding Refn réalise Drive, l'une des plus grandes hype de l'an passé, il n'emploie pas, pour ses courses de voiture, de rock qui remue, mais une électro über-romantique. Pas des morceaux des années 80, mais des chansons d'aujourd'hui qui recréent un pop 80's, ressortant les synthés mélancoliques d'époque. Quel lien avec Beyond the Black Rainbow? Le film de Panos Cosmatos se situe dans le même esprit. West (né en 1980), Winding Refn (en 1970) et Cosmatos (en 1974) ont été adolescents ou enfants durant cette période. Et c'est une sorte de même imaginaire collectif de cinéma que leurs films très différents racontent: un imaginaire 80's de l'horreur pour West, un imaginaire 80's du romantisme exacerbé pour Winding Refn, et pour Cosmatos un imaginaire musical, hérité du clip des années 80. On ne se limite pas à la référence, comme on ne fait pas, en 2012, un film de 1984. Leurs films parlent de fantasmes, un espace entre ce qui a été et le souvenir qu'on en a, ou qu'on recrée, comme on recréerait un monde de toutes pièces.

C'est exactement ce qu'accomplit Panos Cosmatos avec Beyond the Black Rainbow. Il y a les films qui créent une histoire, des personnages, et ceux qui, comme ici, créent un monde entier. Le film est à la fois parfaitement abstrait (les personnages pourraient parler en bulgare non sous-titré, le long métrage ne serait pas si différent) et très simple (une vierge jouvencelle est enfermée dans un laboratoire prison, et décide de s'enfuir). Panos Cosmatos, fils d'un réalisateur d'origine grecque (George P. Cosmatos, qui a signé Rambo II, Cobra ou encore Tombstone) et d'une plasticienne suédoise, mixe un peu l'héritage de ses deux parents avec ce cinéma pur (on y revient, après la projection, là encore à Gérardmer, de Twixt), débarrassé des exigences scénaristiques pour ne garder qu'un squelette d'histoire, mêlé à une installation d'art contemporain laissant une large place à l'interprétation, à l'imagination, et aux sens.

Car Beyond the Black Rainbow est un trip rarissime, un voyage hypnotique dont la réussite tient aux talents de metteur en scène de Cosmatos, qui aligne les images sublimes et irréelles en un long fluide ensorcelant, renforcé par une bande musicale faite de basse et de synthé qui pourrait être celle d'un cauchemar dans un film de Carpenter. Beyond the Black Rainbow propose une fascinante expérience de cinéma, où l'on ne sait plus vraiment si l'on rêve les yeux grands ouverts ou grands fermés.

par Nicolas Bardot

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