Au plus près du paradis

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Eternelle rêveuse sans prince charmant, Fanette ne rate jamais une diffusion d'Elle et lui de Leo McCarey. Une lettre déposée en bas de son immeuble la replonge dans ses souvenirs. Son amour de jeunesse lui fixe un rendez-vous en haut de l’Empire State Building. Concrétisera-t-elle enfin une histoire qu’elle croyait perdue?

Au plus près du paradis - Bande annonce FRenvoyé par _Caprice_

EX-FAN DES SIXTIES

Amoureusement pensée et écrite pour Catherine Deneuve, la bluette de Tonie Marshall n’a qu’un seul tort: superposer son histoire à celle de Cary Grant et Deborah Kerr, le couple idyllique d'Elle et lui. En montrant la séquence finale du film de McCarey, Au plus près du paradis rappelle l’excellence de sa muse hollywoodienne, indétrônable comédie romantique des années 60. Or la nouvelle fugue sentimentale à New York fait regretter l’absence de flamme et de piquant chez la réalisatrice française. En compagnon fruste et goguenard, William Hurt paraît peu inspiré par le duo qu’il forme avec Catherine Deneuve. Leur passion à rebours s’étire à n’en plus finir. Le séjour à Paris ennuie, la ballade américaine coule à pic. Les robes colorées et le prénom de l’héroïne -un possible dérivé de fanée et désuète- renvoient à l’imagerie des contes de fées. Fanette interroge son beau miroir, Fanette se chausse et se déchausse, Fanette ensorcelle tous les hommes qu’elle rencontre. Malgré toutes ses intentions louables, le film de Tonie Marshall ne ravive aucune émotion. Peut-être celle de revoir Catherine Deneuve en amoureuse coquette et naïve.

GROSSE FATIGUE

Admirée, dorlotée, l’actrice est partout. Chaque apparition à l’écran donne lieu à un décryptage en règle de la star. Un port de tête altier, un brushing loréalisé, une garde-robe griffée. Le personnage lui, est ailleurs. Jamais totalement remis du décalage horaire. Certaine de vivre un amour de cinéma, Fanette ignore la parade grossière de Matt et imagine être suivie par un prince bienveillant. La légèreté en surface cache pourtant une tristesse en filigrane. Le tournage aux Etats-Unis chevauche les attentats du 11 septembre. Endeuillé par un tel contexte, le voyage de Fanette prend une tournure plus crispée. La photo d’Agnès Godard a beau installer une atmosphère douillette, l’histoire d’amour s’embourbe dans un désenchantement généralisé. L’air grave et pensif des acteurs déteint sur les tentatives de comédie et les rares élans de fantaisie. Au plus près du paradis en deviendrait presque attachant par sa morosité. Les seconds rôles de luxe égaient brièvement le cœur lourd des amants. Enveloppée par un joli flou artistique, la romance avortée impose une continuelle distance.

par Danielle Chou

En savoir plus

Leo McCarey a tourné deux versions d'Elle et lui. La première, Love Affair, date de 1938. La seconde et la plus connue, An Affair to Remember -celle que visionne Fanette- date de 1957, avec Deborah Kerr et Cary Grant, dans les rôles d’Irene Dunne et de Charles Boyer. L’histoire? Nickie Ferrante, séducteur volage, et Terry McKay, chanteuse élégante et discrète, se rencontrent à bord d’un paquebot et tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Pour éprouver la valeur de leurs sentiments et se libérer de leurs engagements, ils décident de se séparer six mois avant de se retrouver en haut de l’Empire State Building, au plus près du paradis. Mais un accident empêche Terry de tenir sa promesse.

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