Au nom de la terre

Au nom de la terre
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Au nom de la terre
France, 2019
De Edouard Bergeon
Scénario : Edouard Bergeon, Emmanuel Courcol, Bruno Ulmer
Avec : Rufus, Veerle Baetens, Anthony Bajon, Guillaume Canet, Samir Guesmi, Yona Kervern
Photo : Eric Dumont
Musique : Thomas Dappelo
Durée : 1h43
Sortie : 25/09/2019
Note FilmDeCulte : ****--
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Pierre a 25 ans quand il rentre du Wyoming pour retrouver Claire sa fiancée et reprendre la ferme familiale. Vingt ans plus tard, l'exploitation s’est agrandie, la famille aussi. C’est le temps des jours heureux, du moins au début… Les dettes s’accumulent et Pierre s’épuise au travail. Malgré l’amour de sa femme et ses enfants, il sombre peu à peu… Construit comme une saga familiale, et d’après la propre histoire du réalisateur, le film porte un regard humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années.

LA MORT EST DANS LE PRÉ

Quelques semaines avant la sortie des Misérables de Ladj Ly, Edouard Bergeon, lui aussi à la tête de son premier long, vient tirer la sonnette d’alarme. Mais pas de banlieue ici, pas de population confinée entre des blocs de béton gangréné par l’abandon, la délinquance et une police totalement dépassée par les évènements. Non, ici c’est d’un autre monde qu’est venu nous parler le réalisateur. Un monde différent puisque celui du milieu agricole mais un monde tout autant laissé à l’abandon par les hautes instances, un monde détérioré par des années de contraintes, de sacrifices, d’exploitation, de dettes et contaminé par une loi du marché toujours plus écrasante. Construit comme une quasi saga familiale, et tirée de l’histoire vraie vécue par le réalisateur, ce drame rural transpire la sincérité et porte un regard humain sur l’évolution du monde paysan de ces quarante dernières années, en confrontant les méthodes de la vieille école à celles de la nouvelle, celle à la production endiablée et à la reconnaissance absente, celle obligée d’évoluer dans un monde qui la délaisse, l’essors et la jette. Problème, si le film rend compte de la vie de certains ouvriers de la terre, loin de l’image bucolique qui peut parfois leur être alloué pour rentrer dans des cases diffusables à la télé, il n’évite pas toujours un certain pathos qu’une durée plus conséquente aurait peut-être atténué. Ça et un Guillaume Canet, pourtant très impliqué, qui peine parfois à rendre totalement crédible son personnage. Dommage. Gageons tout de même que Bergeon, de par son passé et une volonté indéboulonnable de rendre le meilleur des hommages possible à son père, s’affaire avec une belle ténacité à retranscrire le travail de forçat des agriculteurs ainsi que leur épuisement physique et moral, qui tue à petit feu et détruit des familles. Et Au nom de la terre de nous rappeler qu’il est désormais impossible de l’occulter. Peut-être venons-nous d’assister à la naissance du nouveau Thomas Lilti (Hippocrate, Médecin de campagne, Première année) ? En tout cas c’est tout le mal qu’on lui souhaite.

par Christophe Chenallet

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