Amore

Amore
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Amore
Io sono l'amore
Italie, 2009
De Luca Guadagnino
Scénario : Luca Guadagnino
Avec : Marisa Berenson, Tilda Swinton
Photo : Yorick Le Saux
Musique : John Adams
Durée : 2h00
Sortie : 22/09/2010
Note FilmDeCulte : *****-
  • Amore
  • Amore

Dans la demeure des Recchi, grande famille industrielle lombarde, c’est l’heure du changement de génération. Le fondateur de l’entreprise lègue l’affaire familiale à son fils Tancredi et à l’un de ses petits-fils. Emma, qui a épousé Tancredi pour échapper à sa vie en Russie, est une belle dame du monde, fine, intelligente et élégante mais qui étouffe sous des conventions sociales trop rigides. Un jour, elle fait la rencontre d’Antonio, un cuisinier ami de son fils, et une folle passion naît entre eux…

AMORE, PAR AMOUR DU GOUT

Amore a beau s'ouvrir sur un décor d'aujourd'hui (même dissimulé par l'épaisseur de la neige), son générique semble venir d'un autre temps, comme plongé dans le lustre glamour des années 50. Pas innocent pour un film qui semble vouloir effacer au maximum les indices temporels, passion universelle qui ne serait pas si différente si elle se déroulait de nos jours ou il y a un demi siècle. Chez Douglas Sirk, les feux du mélo s'exprimaient par un usage expressionniste de la couleur, intensifié à mesure de passion, ou par la musique, à hauteur de sentiments. Luca Guadagnino utilise un langage cinématographique voisin, où la forme irréelle épouse le récit viscéral, par sa lumière aveuglante, son montage impressionniste, ses successions de plans courts prenant le pouls d'une passion dévorant une héroïne qui va, telle une Jane Wyman italienne, s'affranchir de toutes les conventions, familiales ou sociales. Guadagnino, en faisant appel au compositeur et chef d'orchestre John Adams, fait aussi le choix d'une bande son bigger than life, ample et lyrique; tout ce que l'on voit à l'écran, ce que l'on sent, ce qu'on entend, est le plus court chemin entre les sentiments affolés des personnages et leur expression artistique, jetée brute sur la toile.

Emma est entourée de mystère. D'abord parce qu'elle est interprétée, encore une fois magistralement, par Tilda Swinton, qui sait insuffler à chacun de ses personnages une singulière étrangeté. Ensuite parce qu'elle est d'ailleurs, que son passé reste énigmatique, jeune femme russe qui a oublié son ancien nom. Guadagnino se plonge dans ce vertige, réminiscence d'Hitchcock lorsqu'il s'approche d'elle et de son chignon à la Kim Novak, réinvestissant un genre et une époque comme l'ont fait avant lui Todd Haynes avec Loin du paradis ou Tom Kalin avec l'inédit Savage Grace (tous deux interprétés par Julianne Moore). Magnifique film d'amour fou, Amore débute pourtant sur la pointe des pieds, les fêtes sont fastueuses mais sages, les sentiments encore endormis. Mais Luca Guadagnino sait traduire cette urgence, peu à peu irrépressible, jusqu'au sprint final, romanesque en diable, larguant les dernières amarres du réalisme. C'est d'ailleurs dans un décor comme imaginaire que s'achève ce film aussi envouté qu'ensorcelant.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires