Les Amants de Caracas

Les Amants de Caracas
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Amants de Caracas (Les)
Desde alla
Venezuela, 2015
De Lorenzo Vigas
Durée : 1h33
Sortie : 04/05/2016
Note FilmDeCulte : *****-
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Armando, un homme aisé d'âge mur, racole de jeunes hommes en échange d'argent. Il ne veut pas les toucher, seulement les regarder à distance. Une intimité déroutante va naître entre lui et un adolescent nommé Elder.

LES AMANTS CONTRARIÉS

Ne vous fiez pas à ce titre qui a l'air tout droit sortie d'une romance Harlequin: Les Amants de Caracas (Lion d'or au dernier festival de Venise) a beau raconter une histoire d'amour, c'est avant tout un film qui n'a pas froid aux yeux, et la romance en question est loin d'être une idylle exotique. A l’écran, les rues de Caracas grouillent, dans les quartier d'affaires comme dans les coins les plus populaires. Pourtant Armando vit seul. Quand il n'est pas affairé à suivre en cachette un mystérieux vieil homme sans oser l'aborder, sa seule interaction avec d'autres personnes consiste à ramener des petites frappes chez lui. Ils paye ces grands ados pour qu'ils se déshabillent devant lui, mais il ne les touche jamais. Glauque? Pas tant que ça. Pour son premier film, le réalisateur vénézuélien Lorenzo Vigas trouve un ton propre qui parvient à éviter les clichés misérabilistes.

Armando conserve une dignité fière, et n'est pas le pigeon que ses jeunes clients imaginent. Ce personnage principal, mutique et mystérieux, curieusement attachant, semble d'ailleurs plutôt sorti du nouveau cinéma allemand fantomatique que du cinéma social violent sud-américain auquel les festivals nous ont habitués. Parmi les producteurs des Amants de Caracas se trouve d'ailleurs le Mexicain Michel Franco, le réalisateur le plus clivant de cette génération hispanophone (Chronic, Despues de Lucia). Or, ironie du sort, alors que tous les ingrédients semblaient être ici réunis pour un chemin de croix doloriste et cru, typique du cinéma de Franco, le résultat se révèle différent: ici, pas de recherche du malaise à travers une nudité ou une sexualité dérangeante, pas de violence. Les Amants de Caracas n'est pas un film qui saisit le spectateur à la gorge.

La violence existe dans Les Amants de Caracas. Mais, subtilité d'écriture, elle est toujours hors-champ. Un traumatisme personnel jamais dévoilé, une vengeance familiale dont on se sait si et quand elle a bel et bien eu lieu... Lorenzo Vigas maîtrise en effet l'art du juste dosage des non-dits. Autre différence: le regard posé sur les personnages est davantage bienveillant. Résultat: si le film est certes tendu d'un bout à l'autre, il s'opère un glissement progressif - la tension née de la crainte d'une explosion de violence laisse peu à peu place à un suspens amoureux, avec ses espoirs et ses déceptions. On ne craint plus pour la vie des personnages, on craint que leur amour ne puisse pas s'épanouir, comme dans un vrai film romantique. Un temps, le titre français peut paraître ironique, tant les deux protagonistes sont loin de former un couple. D'ironique, il devient carrément cruel lors d'un dénouement sec. Entre les deux, Les Amants de Caracas se révèle étonnamment émouvant. Une qualité qu'on avait pas forcément vu venir. Une découverte.

par Gregory Coutaut

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