Aloys

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Aloys
Suisse, 2016
De Tobias Nölle
Scénario : Tobias Nölle
Avec : Georg Friedrich
Durée : 1h26
Note FilmDeCulte : ****--
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Un détective privé est contacté par une mystérieuse jeune femme. Fasciné par sa voix, Aloys accède à des univers imaginaires...

MONSIEUR VIT DANS UN RÊVE

Aloys, c'est le curieux prénom du non moins curieux protagoniste de ce drôle de film. Aloys est un détective privé aux antipodes de James Bond: solitaire dans un quotidien glacial, timide et loser presque jusqu'à l'autisme, et perpétuellement habillé comme Tintin malgré son âge. Sur le papier, cela pourrait donner un personnage de comédie proche du cliché, une blague lourdingue de scénariste pas très inspiré. Le film évite pourtant cet écueil de plus d'une façon. D'abord parce que ce n'est pas une comédie, mais surtout grâce au charisme de l'acteur autrichien Georg Friedrich (Faust, La Pianiste...), plus habitué aux rôles virils et menaçants. Ensuite, parce que si Aloys donne l'impression de vivre coupé du monde qu'il scrute pourtant en cachette, c'est précisément parce qu'il vit surtout dans sa tête. Le sujet du film est là: le monde imaginaire vs. le monde réel, et comment l'un se révèle finalement bien plus grand et riche que l'autre.

Aloys reçoit un jour un coup de fil d'une jeune fille inconnue, puis un second, et un autre. Il devient fasciné par sa voix, et se met à fantasmer sur elle, son apparence, son existence. Le déploiement de son imagination, jusqu'ici gardée sous cage, lui fait découvrir un nouveau monde intérieur. Cela se traduit à l'écran par un impressionnant travail sonore et visuel (et un non moins impressionnant travail de montage). Dès le début du film, le réalisateur Tobias Nölle prouve qu'il n'a pas peur de travailler de belles images. Le moindre plan sur une tasse de café fumant ou sur des vitres de bus embuées est fort joli. Mais la mise en scène décolle réellement quand ce qui menace de devenir un catalogue de photos évolue progressivement en illustrant le courant de conscience de son héros.

En fermant les yeux, Aloys imagine son interlocutrice, cherche à la séduire, tombe amoureux d'elle. A mesure qu'il se projette ainsi dans son imagination, le film floute la frontière entre réel et fantasme. Le rythme accélère, le montage se fait plus resserré, créant un écho sensoriel singulier à l'épanouissement amoureux d'Aloys (à son cœur qui bat plus fort ?). La trame demeure très simple tout du long (Aloys retrouvera-t-il la piste de son amoureuse dans la vraie vie), et en même temps, le jeu narratif – parfois un peu étouffant - menace de nous épuiser dans un bien beau labyrinthe. Il y a pourtant quelque chose de fort émouvant qui naît de ces jeux de miroirs qui finissent par être traversés. Et c'est cette émotion qui l'emporte au final: Aloys commence comme un film figé et révèle peu à peu un cœur qui bat.

par Gregory Coutaut

En savoir plus

Aloys est projeté cette semaine au Festival de la Roche-sur-Yon.

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