Alila

Alila
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Alila
Israël, 2003
De Amos Gitaï
Scénario : Amos Gitaï, Marie-Jose Sanselme
Avec : Yaël Abecassis, Ronit Elkabetz, Hanna Laslo, Liron Levo, Amit Mestechkin, Uri Ran Klauzner
Durée : 2h00
Sortie : 01/10/2003
Note FilmDeCulte : ****--

Un immeuble dans Tel-Aviv. Au rez-de-chaussée, Hezi attend sa maîtresse Gabi, Schwartz et Linda conversent dans le couloir avec le taciturne Aviram. Mali a des ennuis; son ex-mari dort dans une fourgonnette devant chez elle et leur fils adoré a disparu.

ISRAEL, ETAT D’URGENCE

Quarante plan-séquences pour résumer la vie quotidienne en Israël… Après avoir clos avec Kedma sa trilogie sur l’histoire de son pays, Amos Gitaï revient à la comédie de mœurs, voisine de Yom Yom, qui lui avait ouvert les portes de la reconnaissance internationale. Adapté du roman Returning Lost Loves de Yehoshua Kenaz, AlilaShort Cuts méditerranéen et oriental, exalté et émouvant – décrit le "paysage humain" de Tel-Aviv, ville dépareillée, cocotte-minute brûlante devenue malgré elle un siège de discorde, le symbole des déchirements de la vie en communauté. Plusieurs destins s’entremêlent, l’émotion est palpable. Chaque résident de l’immeuble possède une histoire différente, un regard unique sur le monde et son absurdité. Comment le vieux Schwarz, rescapé des camps de concentration, pourrait s’entendre avec ses nouveaux voisins originaires d’Europe de l’Est, qui agrandissent leur appartement au détriment des autres locataires? En toile de fond, hors champ mais omniprésente: la guerre, les attentats dont on écoute les derniers bilans à la radio avant de devoir tourner la page. La mort rôde à tous les carrefours et pousse les habitants de Tel-Aviv à vivre au jour le jour. Cette tension de tous les instants rend encore plus insupportable la promiscuité imposée dans la cité.

C’EST ARRIVE PRES DE CHEZ VOUS

Ronde rythmée par les doux accords de Franz Schubert, Alila est une œuvre éminemment engagée, qui dépasse de loin la simple comédie. Pacifiste revendiqué, Amos Gitaï n’hésite pas à tenir un propos non politiquement correct. Le refus d’Eyal de regagner sa caserne (après une désertion dont les causes ne seront jamais élucidées) met à mal la propagande officielle: la jeunesse israélienne ne veut plus être impliquée de force dans le conflit. Influencé par le cinéma asiatique, notamment la mise en scène de Wong Kar-Waï (In the Mood for Love) et de Hou Hsiao-Hsien (Millenium Mambo), le cinéaste capte les petits riens, les moments en creux, les actes manqués. La forme rejoint le fond. Orchestrés avec la complicité du chef opérateur Renato Berto, tous les plans-séquences s’ouvrent sur une vue de l’extérieur du bâtiment. La caméra se faufile ensuite dans les appartements, pour mieux montrer l’absence de vie privée et d’intimité des protagonistes. Alila aurait sans doute gagné à être recentré sur l’histoire d’Eyal et à abandonner un certain didactisme (le souvenir face caméra de Schwarz). Mais sans ses légers passages à vide, le film n’aurait peut-être pas cette puissance évocatrice. Le spectateur n’aurait pas le sentiment d’avoir partagé la vie d’une poignée de gens ordinaires et attachants.

par Yannick Vély

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