Albert Nobbs

Albert Nobbs
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Albert Nobbs
Royaume-Uni, 2011
De Rodrigo Garcia
Avec : Glenn Close, Brendan Gleeson, Aaron Johnson, Jonathan Rhys Meyers, Mia Wasikowska
Photo : Michael McDonough
Sortie : 22/02/2012
Note FilmDeCulte : **----
  • Albert Nobbs
  • Albert Nobbs
  • Albert Nobbs
  • Albert Nobbs

Au XIXème siècle, dans l’Irlande en proie à de terribles difficultés économiques, une femme se fait passer pour un homme afin de pouvoir travailler. Pendant trente ans, elle trompe son entourage, employée dans un hôtel sous le nom d’Albert Nobbs, en tant que majordome.

T'AS L'BONJOUR D'ALBERT

Albert Nobbs est d'abord le film d'un retour: celui de Glenn Close. Gloire des années 80 durant lesquelles elle a été nommée 5 fois aux Oscars (entre autres pour Liaison fatale et Les Liaisons dangereuses), Close a traversé les années 90, de premiers en seconds rôles, chez Barbet Schroeder (Le Mystère von Bülow), Steven Spielberg (Hook), Bille August (La Maison aux esprits), Stephen Frears (Mary Reilly), Tim Burton (Mars Attacks !) ou encore Robert Altman (Cookie's Fortune). Puis plus rien, ou presque. Oubliée par Hollywood à l'amorce de la cinquantaine, Close a rebondi à la télévision grâce au succès de la série Damages. Les murmures Oscar se faisaient entendre depuis des mois au sujet de ce come-back, dans un rôle transformiste qui plus est. Close est bien nommée à l'Oscar de la meilleure actrice, 24 ans après sa dernière citation. Mais Albert Nobbs est pourtant une double déception. Celle de Close d'abord, qui connait le rôle par cœur pour l'avoir d'abord joué au théâtre. Pourtant, son interprétation monolithique, visage perpétuellement ébahi, posture guindée comme si une jarre de cristal était posée sur sa tête, n'est certainement pas sa meilleure. Sur le papier, le rôle est en or, mais une fois le film vu, cet Albert Nobbs est un personnage trop ennuyeux pour captiver.

L'autre déception est celle du film lui-même. On n'attendait pas monts et merveilles de la part de Rodrigo Garcia, dont le dernier long métrage, Mother & Child, était une caricature de cinéma indé sous vide. Pas une once de personnalité ici, pas une ombre de tension, les acteurs sont censés se débrouiller tout seuls dans leurs costumes. Albert Nobbs passe longtemps à côté de son sujet, la question du genre, l'identité, pour se concentrer sur celui, plus conventionnel, de la lutte des classes et des rêves d'ascension sociale. Parfois, le film tape juste: Nobbs rencontrant un couple de femmes dont l'une est déguisée en homme (Janet McTeer, qui ressemble plus à une garçonne de The L Word qu'à un homme, et dont le personnage exige un petit saut de foi là où la transformation de Close est, elle, saisissante), Nobbs portant une robe mais qui paradoxalement semble déguisée. Mais ces pistes sont trop peu exploitées (voir la façon piteuse dont s'achève ladite scène en robe), et le film perd son temps à développer des sous-intrigues inintéressantes (l'amourette d'une domestique, interprétée par Mia Wasikowska, et d'un mort-de-faim alcoolique qui passe apparemment son temps au Club Med Gym du coin pour travailler ses abdos en vue de possibles scènes shirtless).

Le dernier tiers du film, qui saisit un peu mieux son histoire, émeut un peu plus, notamment par son utilisation très rare de la musique (là où on s'attendait, pour ce type de production, d'un tartinage de violons). Comme un vent froid soufflé sur cette histoire qui aurait mérité traitement plus percutant.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires