Age Difficile Obscur
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Thumbsucker
États-Unis, 2005
De Mike Mills
Scénario : Mike Mills d'après d'après l'oeuvre de Walter Kirn
Avec : Benjamin Bratt, Vincent D'Onofrio, Kelli Garner, Lou Taylor Pucci, Keanu Reeves, Tilda Swinton, Vince Vaughn
Photo : Joaquin Baca-Asay
Musique : Tim DeLaughter
Durée : 1h36
Sortie : 06/09/2006
A 17 ans, Justin Cobb suce encore son pouce, bredouille ses envies et a du mal à s'assumer. Justin grandit, et soudain son entourage n'est plus tout à fait le même à ses yeux...
LES SOUFFRANCES DU JEUNE JUSTIN
Age Difficile Obscur est loin d'être une curiosité arty difficile d'accès, le premier long métrage de Mike Mills se livre aisément. Dès les premiers fondus, dès les premières inspirations de Polyphonic Spree, la filiation est évidente. On devine une antre familière (une banlieue sous anxiolytiques), on ressasse un dossier anarchique (la puberté sur ses gardes). On apprécie une signature élastique, flâneuse et savamment dépouillée. Graphiste, photographe, réalisateur de clips, de documentaires et de spots publicitaires, Mike Mills a même donné son nom à une chanson d'Air. Il a surtout co-fondé une boîte de production, The Director's Bureau, aux côtés de Roman Coppola et de la non moins illustre Sofia. Age Difficile Obscur est séduisant parce qu'il est l'oeuvre d'un artiste complet, attentif aux encolures et aux finitions. Il est séduisant parce qu'il rappelle, par ses thèmes et son traitement, une couvée de tricoteurs cafardeux réunissant pêle-mêle Spike Jonze, Michel Gondry, Wes Anderson et dernièrement Noah Baumbach (Les Berkman se séparent). Sur la forme, le film est irréprochable. Mélodieux, léché, il révèle un beau visage tourmenté, celui de Lou Taylor Pucci, cerné par un bataillon de seconds rôles classieux (Tilda Swinton en mère volatile, Vincent D'Onofrio en père absent, Keanu Reeves en dentiste new age ou Benjamin Bratt en bellâtre camé). Sur le fond, la pochette surprise se gâte, la communauté de loups solitaires reste à l'état de natures mortes ou flétries, les portraits sont trop distants ou trop frileux et la destinée de Justin, pourtant bien entamée, se perd en bavardages un peu creux.
