A tout de suite

A tout de suite
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A tout de suite
France, 2003
De Benoît Jacquot
Scénario : Benoît Jacquot
Avec : Laurence Cordier, Nicolas Duvauchelle, Ouassini Embarek, Leonor Graser, Fotini Kodoukaki, Isild Le Besco
Durée : 1h35
Sortie : 08/12/2004
Note FilmDeCulte : *-----

Quand elle raccroche le téléphone après un "A tout de suite" de son voyou d’amoureux, qui vient de commettre un braquage sanglant, elle sait dans quel engrenage elle met le doigt. Elle va pourtant le suivre sans ciller, lui et son complice, dans une cavale autour du monde, de résidences de luxe en hôtels crasseux…

PAS DE SCANDALE

Cinéaste inégal, surtout connu pour ses talents de directeur d’acteurs, Benoît Jacquot poursuit son exploration des mouvements de l’âme et du corps de la femme. La femme Le Besco en l’occurrence, iconisée sous toutes les coutures par un réalisateur sous le charme, et ce pour la troisième fois, après le mal-aimé Sade et l’académique Adolphe. Soit, donc, une cavale amoureuse seventies, un Bonnie and Clyde saganiste: petite étudiante riche et blasée meets voyou brun ténébreux, s’en éprend, le béatifie, et veut à son tour devenir "voyoute". Jacquot filme l’affaire en un noir et blanc DV toc (justification en forme de mol aveu d’impuissance filmique: "Un lieu filmé en noir et blanc prend dix ou quinze ans d’âge"), où s’enchaînent dialogues plats, petites crises de nerfs et leur vaisselle cassée ad hoc, gros plans de visages crispés et/ou englués de sanglots las, vagues remous de libération sexuelle… Un peu de tout, en vrac, sans que jamais rien ne se décide à prendre l’ampleur manifestement désirée par le réalisateur. Etonnant faux pas esthétique pour le réalisateur de l’audacieuse Fausse Suivante, les artifices d’A tout de suite se retournent l’un après l’autre contre eux-mêmes: plutôt que de se sentir propulsé trente ans en arrière, on ne voit sous le noir et blanc que de la couleur mal travestie; plutôt que d’entendre des dialogues naturellement épurés, c’est davantage les lacunes de leur écriture qui hurlent; plutôt que de se fasciner pour les atermoiements d’une héroïne sans nom, c’est Isild le Besco (sur)jouant que l’on voit déambuler à l’écran… Grand sentiment de gâchis que ce Banqueroute moins l’excentricité, dans lequel tant de choses, pourtant, à commencer par le surprenant Ouassini Embarek, auraient pu nous séduire.

par Guillaume Massart

En savoir plus

Le scénario d’A tout de suite est basé sur l’histoire vraie d’Elisabeth Fanger. Le film a été présenté en Sélection officielle au Festival de Cannes en 2004, dans le cadre de la section Un Certain Regard.

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