A cinq heures de l'apres-midi

A cinq heures de l'apres-midi
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
A cinq heures de l'apres-midi
Panj é asr
Iran, 2003
De Samira Makhmalbaf
Scénario : Samira Makhmalbaf, Mohsen Rahimi
Avec : Razi Mohebi, Agheleh Rezaïe, Abdolgani Yousefrazi
Durée : 1h45
Sortie : 20/08/2003
Note FilmDeCulte : **----

Le régime taliban a chu en Afghanistan. La jeune Noqreh y voit l’occasion d’assouvir son espoir de reconnaissance sociale: et pourquoi pas devenir présidente du pays?

AFGHANISTAN: COMMENT ÇA VA AVEC LA DOULEUR?

L’enseignement est souvent au cœur des enjeux privilégiés par Samira Makhmalbaf, de son Tableau Noir, où les instituteurs errent à la recherche d’élèves, à son court-métrage pour le collectif 11’09’’01, où de jeunes enfants sont confrontés à leur institutrice. Le message se fait éducatif et sa transmission passe invariablement par une figure au rôle didactique. Revers pervers: quand Makhmalbaf se prend trop pour le professeur, l’élève fait la grimace. Lourdement édifiant, la pédagogie maison s’effectue à coups de rouleaux à pâtisserie, à l’image d’une insupportable scène où des jeunes étudiantes échangent leurs idées, façon piaillements pré-pubères à discours surécrit et surligné. Paroxysme de la démonstration lourdingue, cette scène singulière fait basculer le film dans un cercle théorique où l’émotion est exclue, et déplace le discours sur un unique plan idéologique dénué de chair. Numéro d’équilibriste, le propos tamponné en souffre, malgré les plus belles intentions du monde. Toutefois, si la séance se fait parfois douloureuse, celle-ci recèle quelques lueurs. Si Makhmalbaf ne semble pas très douée pour les longs discours, ses quelques bribes muettes valent toutes ses pénibles logorrhées. L’atmosphère presque surréaliste qui émane d’une conversation avec un soldat français, ou le charivari d’un avion sans ailes transformé en radeau de fortune, perdu dans une mer de sable, sont de ces rares instants qui laissent au film un souffle de vie. En témoigne également cette scène où Noqreh, reine d’un jour perchée sur ses chaussures de dame, claque du talon et laisse son écho rebondir dans le vide. Quelques instants qui font regretter de ne pas pouvoir prendre plus à cœur le voyage de cette silhouette bleue, étouffée sous de louables desseins.

par Nicolas Bardot

Partenaires