Théo & Hugo dans le même bateau

Théo & Hugo dans le même bateau
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Théo & Hugo dans le même bateau
France, 2016
De Olivier Ducastel, Jacques Martineau
Scénario : Olivier Ducastel, Jacques Martineau
Durée : 1h37
Sortie : 27/04/2016
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans un sex-club, les corps de Théo et de Hugo se rencontrent, se reconnaissent, se mêlent en une étreinte passionnée. Passé l’emportement du désir et l’exaltation de ce premier moment, les deux jeunes hommes dégrisés, dans les rues vides du Paris nocturne, se confrontent à leur amour naissant.

NUIT DE NOCES

Jacques Martineau et Olivier Ducastel (lire notre entretien) disent avoir financé leur nouveau long métrage de façon presque pirate, en dehors des circuits classiques, et cela dans le but d’éviter toute restriction économique mais surtout morale. En effet, si vous avez entendu parler de Théo et Hugo dans le même bateau, vous avez probablement eu vent de son incroyable scène d’ouverture. Une scène de sexe sans compromis, sidérante autant par sa durée que par l’investissement des acteurs. Grâce à une utilisation hypnotisante de la musique, des ombres et des couleurs, cette ouverture brillamment mise en scène surfe sur un double paradoxe : elle crée une atmosphère emplie de mystère alors qu’elle ne cache pourtant pas grand-chose, et elle parvient à rendre intime et romantique une cave qui semble pourtant en être l’antithèse.

Mais le contraste le plus fort est encore à venir : il a lieu quand l’amour cru laisse à un amour presque courtois (clin d’œil à une chronologie fréquente des rencontres gays ?). « C’est comme si on venait de fabriquer de l’amour » dit l’un des protagonistes à l’autre. Il faut se pincer pour voir le film basculer dans une romance quelque peu désuète aux airs de Nouvelle Vague. Il n’y a pas que le titre à faire du coude à Jacques Rivette, on retrouve également l’ombre du cinéaste dans ce Paris désert transformé en terrain de jeu privé, et dans l’utilisation ludique que font Martineau et Ducastel du temps réel - le temps de manger une madeleine ou de monter des escaliers, deux des meilleurs gags du film, qui n’est pourtant pas une comédie.

On l’a vu, l’un des plaisirs répétés de Théo et Hugo dans le même bateau vient de ses surprises successives. Il vaut mieux en savoir le moins possible sur la suite du récit. Sans trop en dévoiler, on peut dire que le film poursuit sa volonté de documenter la vérité d’un vécu exclusivement gay (se rapprochant en ce sens du meilleur cinéma queer des années 90), tout en restant un film contemporain dans sa grammaire (passer d’un quart d’heure sans dialogues à un monologue scientifique, il fallait le faire) et qui parle de et à tous. La balade de Théo et Hugo a beau commencer dans la plus stricte intimité, elle dévoile peu à peu une histoire cachée des grandes villes anonymes, où la nuit libère la parole et l’identité de chacun. Tendre sans être naïf, cru sans provoquer gratuitement, Théo et Hugo dans le même bateau est une drôle de partie de cache-cache qui mine de rien révèle beaucoup de choses.

par Gregory Coutaut

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